Connu pour ne pas garder sa langue dans sa poche et critiquer allègrement les voitures de ces dernières années, surtout depuis l´arrivée en 2014 de la nouvelle génération de moteur, Jacques Villeneuve n´a pas changé son avis concernant les problèmes rencontrés en F1.
Le champion du monde de 1997 établit un bilan caustique entre les monoplaces qu´il a eu à piloter et celle des dernières années.
« Elles n´avaient pas une technologie complexe » explique-t-il. « Elles avaient à leur bord un beau moteur V10, qui faisait beaucoup de bruit et qui avait beaucoup de puissance. Et les gens pensaient "Waouh ! autant de rendement venant d´un tel moteur ? C´est fou". Et seulement parce que cela avait l´air fou, ils adoraient ça. Tu pouvais ressentir les vibrations des V10 dans les tribunes. »
Les voitures actuelles souffrent donc toujours de la comparaison avec celles d´antan. Pour le Canadien, c´est le résultat d´une mauvaise direction prise par la F1.
« Maintenant ? Ok, tu as 950 chevaux. Mais tu ne vois pas, tu n´entends rien, tu ne ressens rien. Ce n´est pas excitant. Les gens venaient pour voir des héros. C´était tout ce qu´ils voulaient. Alors il faut arrêter de parler de voir plus de manœuvres de dépassements et de devoir créer absolument plus de spectacle. »
« Lorsque la Formule 1 a commencé avec cela, l´intérêt est devenu moindre. Chaque année, c´était artificiel et banal. Alors, on a pensé "ok, il n´y a rien de particulier là-dedans. Faisons en sorte d´avoir 50 manœuvres de dépassement supplémentaires. Ce ne sont après tout que des dépassements". Le DRS ? Cela ne fonctionne pas. Arrêtons d´en parler. Ce que tu veux voir, ce sont des héros et des gladiateurs. Des gars que tu vois et qui te font dire "Waouh, le type est impressionnant. Il fait quelque chose dont je ne suis pas capable". Il faut qu´il y ait des gens qui te font rêver d´être d´eux. C´est tout ce dont tu as besoin. Et c´est ce que nous n´avons pas. »
Selon Villeneuve un détail important a beaucoup changé la donne.
« Mes Formule 1 étaient plus légères. Aujourd´hui, elles pèsent 130 kilos de plus. Et tu avais la possibilité de réduire la puissance afin de ne pas trop utiliser de carburant, ce qui n´est pas le cas aujourd´hui. Si la technologie de cette époque avait été perfectionnée, la consommation d´essence serait exactement la même que celle de maintenant – sans batterie et tout le reste. Toutes ces décisions n´ont pas été bonnes pour la Formule 1, et elles n´aident pas, car le spectateur présent dans les tribunes ne s´intéresse pas à cela. Pourquoi voudrais-tu avoir un tel moteur (le V6 turbo) dans ta propre voiture ? Non, tu ne le veux pas. »