Lewis Hamilton est un pilote aux multiples facettes. Tantôt pilote impitoyable presque robotique, capable d’agir en totale imperméabilité avec ce qui l’entoure et d’écraser des championnats, tantôt homme distrait par un mode de vie éloigné de celui de ses confrères. Mais le Lewis Hamilton entrevu ce week-end à Suzuka n’est en aucun cas celui que nous sommes habitués à voir.
Distrait, il l’a été jeudi en conférence de presse lorsqu’il était occupé à utiliser Snapchat au moment de répondre aux questions des journalistes présents. Un léger manque de professionnalisme qui ne méritait certainement pas le tollé provoqué par ces mêmes journalistes, mais qui préfigurait le manque de concentration d’un pilote désabusé.
On le serait tout autant à la place du Britannique, arrivé avec un déficit de points de 23 points au Japon alors qu’il aurait pu virer en tête du championnat sans une casse mécanique en Malaisie.
Discret le vendredi dans ses déclarations mais efficace en piste, il ratait la pole position pour 13 millièmes et décidait d’annuler son point presse après la qualification, non sans glisser un message très clair à ses détracteurs de l’avant-veille.
Son comportement à quelques minutes du départ était bien plus surprenant. Inquiet de la présence d’humidité sur sa place de départ, le triple champion du monde faisait les cent pas autour de sa monoplace et portait un regard inquiet vers la ligne droite qui lui faisait face. Une inquiétude immédiatement confirmée à l’extinction des feux rouges, lorsque Hamilton manquait son envol et perdait pas moins de six places !
C’est par un sobre "Désolé les gars" qu’il reconnaissait son erreur, et se lançait ensuite dans une remontée parfaite qui le ramenait sur la plus petite marche du podium. Une course digne de ses meilleurs moments, mais suivie par un nouveau couac. Bloqué par Verstappen au prix d’une manière virile, Hamilton ne trouvait rien à redire sur la manœuvre de son adversaire, contrairement à son équipe qui portait réclamation... deux heures après la course.
Apparemment alerté par des rumeurs, Hamilton postait un message sur Twitter expliquant que ce n’étaient que des bruits ridicules et que rien n’avait été fait, avant de se rétracter et d’aller à l’encontre de cette plainte ! Lui et Verstappen étant déjà partis du circuit, elle n’aurait pu être entendue qu’à Austin, ce que refusait Hamilton qui décidait, sans se concerter avec ses dirigeants, de décrier cette décision. Un mouvement fort qui poussait le constructeur à retirer sa demande et à entériner l’affaire.
Hamilton doit clairement digérer la casse mécanique en Malaisie, ce qui n’était toujours pas fait quand le week-end du Grand Prix du Japon a débuté, quatre jours après la course de Sepang. Il a maintenant deux semaines devant lui pour souffler et se reprendre, non pas en piste mais en dehors. Si ce n’est pas ce qui lui fera remporter le championnat, une sérénité en dehors de la piste ne pourra jouer qu’en sa faveur.
C’est en tous cas la première fois que l’on voit Hamilton aussi affecté par ses ennuis en piste, après une saison qui ne l’a pas épargné, et bien qu’il dise le contraire, il semble quelque peu résigné. Libre à lui de nous faire mentir sur un circuit qui lui réussit depuis la première édition disputée en 2012, à Austin. S’il n’inverse pas la tendance là-bas, un an après avoir coiffé sa troisième couronne mondiale, il aura très certainement manqué sa quatrième.