Châssis Lotus F1 Team le plus éprouvé de cette année, la E20-01 a été ramenée à son berceau mercredi soir. Paul Seaby, le Team Manager, nous décrit les opérations à venir ces prochaines semaines sur la première des créations 2012 d’Enstone.
Cette voiture a été quelque peu malmenée à Sepang, le week-end dernier, par une excursion dans un bac à graviers au virage 5, figure imposée par un certain septuple champion du monde. Pour cette raison, l’arme choisie par Romain pour les deux premières manches a été désignée pour subir une batterie de tests ces prochaines semaines, ainsi que l’explique Paul Seaby :
“Il a toujours été prévu de rapatrier un châssis après les deux premières courses parce que nous devons effectuer un série de tests sur sept bancs au centre Recherche et Développement, en plus d’un test aérodynamique en soufflerie aux Etats-Unis. Cette voiture n’était pas désignée à l’origine, mais à la suite des incidents et des dommages subis à Sepang, il était cohérent de la ramener. A la fois pour effectuer les réparations nécessaires et donc pour en faire le cobaye des tests prévus.”
“Pour les prochaines courses, nous avons toujours trois châssis disponibles puisque le numéro 4 remplacera le 1 aux mains de Romain en Chine et au-delà. La E20-01 sera ainsi temporairement hors service jusqu’à la fin avril parce que les tests au banc sont programmés pour ce week-end et que les essais aérodynamiques au Windshear interviendront juste après. Elle sera de nouveau apte au service, si nécessaire, pour les Grands Prix d’Espagne ou du Canada. Elle n’est pas totalement désaffectée, elle reste un bon châssis, elle a juste besoin d’un check up.”
Le break de trois semaines avant la troisième manche du championnat semble offrir suffisamment de temps. Le châssis vient juste d’arriver en Angleterre et le fret pour la Chine doit être expédié à la fin de la semaine prochaine. Mais l’équipe doit faire un tour d’horizon rapide avant de repartir en Asie :
“La voiture passera d’abord au banc pour simuler les prochaines courses Après les pépins subis aux essais de pré-saison, ce sera la première fois que le département R&D pourra remettre la main sur cette voiture et travailler sur ses réglages. Nous avons la conviction d’avoir une base solide. Mais on ne sait jamais ce que l’on peut trouver.”
“La voiture est arrivée mercredi et doit être terminée vendredi. Elle sera, ensuite, sur le banc jusqu’à lundi, ce qui nous donne deux jours pour qu’elle soit prête. Elle sera alors retirée du banc pour être démontée et préparée pour le test Windshear, ce qui nous demandera neuf journées de travail.”
Neuf jours, cela peut paraitre long pour reconstruire une seule voiture. Mais la préparation pour un test Windshear est loin d’être simple : “Le test Windshear est une simulation aérodynamique menée dans une soufflerie en Caroline du Nord, aux Etats-Unis. Là-bas, nous utilisons une soufflerie à l’échelle 1 qui nous permet de reproduire le flux d’air sur une vraie voiture, afin de voir comment elle réagit. C’est une méthode d’analyse très utile et contrôlée de la voiture dans sa configuration actuelle dont nous comparons les résultats avec les données de notre soufflerie à 60% et de notre CFD. Cela nous permet aussi d’essayer de nouvelles évolutions et de prévoir comment elles vont se comporter.”
“Préparer la voiture pour ces tests n’est pas une mince affaire. D’abord, il faut adapter la suspension hydraulique avant, ce qui altère automatiquement la garde au sol, éliminant la nécessité de faire constamment des ajustements manuels. C’est un nouveau système qui doit être pré-configuré. La voiture sera aussi équipée d’une boite de vitesses spéciale, sans différentiel, ce qui permettra de laisser tourner les roues librement. Enfin, elle sera recouverte de capteurs pour nous fournir toutes informations. Globalement, c’est donc beaucoup de travail et une transformation importante de la voiture initiale.”
Les règlements limitant le temps et les moyens que l’équipe peut placer dans la voiture, chaque seconde d’essai est capitale. Cela implique que la voiture soit opérationnelle dès qu’elle touche le sol américain et qu’il en soit de même pour les packages de développement :
“Ce test au Windshear tombe sous le règlement concernant les essais autorisés en cours de saison. Celui-ci stipule que nous avons droit à quatre journées de tests aéro en piste, avec 100 km par jour maximum, qui peuvent être échangées avec des essais en soufflerie. Nous avons décidé d’échanger la totalité de nos quatre journées sur circuit contre un seul gros test en soufflerie. Nous l’avions fait l’an dernier et nous en avions tiré un bénéfice significatif.”
“Compte tenu du peu de journées autorisées pour les essais, le temps de développement à une grande valeur. Pour en tirer le maximum, nous configurons chaque nouvelle pièce à tester pour qu’elle puisse être changée très rapidement. Nous avons laissé une partie du matériel à la soufflerie l’an dernier et une équipe s’est déjà rendue sur place cette semaine pour vérifier que tout fonctionne toujours bien, que nos logiciels sont compatibles avec les leurs et ainsi de suite. Ceci est important afin que nous puissions démarrer les essais immédiatement à notre arrivée.”
Source : www.lotusf1team.com