La F1 change de mains. CVC a trouvé un accord avec Liberty Media pour que le groupe américain devienne le nouveau propriétaire de la discipline reine. Liberty Media entend désormais travailler plus étroitement avec les équipes pour instaurer une relation de confiance d’emblée. L’idée d’augmenter les revenus de la F1 pour soulager les équipes est une première piste de travail.
Nouveau président du conseil d’administration de la discipline, Chase Carey affirme que Liberty Media bénéficie du soutien des écuries : « Il n’y a pas de changement pour les équipes. Je dirais qu’elles ont été très à l’écoute, et quelques équipes ont exprimé un intérêt pour investir dans le business. Les équipes ont très bien travaillé : les paiements qu’on leur fait ont augmenté significativement. Nous pensons qu’il y a une vraie croissance dans le business et que tout le monde devrait en profiter. Nous sommes tous partenaires, tout simplement, la F1 et les équipes devraient au fond faire progresser le business. Les équipes sont fortement incitées à faire progresser leurs revenus et leurs profits, elles ne sont pas simplement partenaires dans l’esprit, elles sont partenaires dans les revenus et nous travaillerons ensemble. »
Bernie Ecclestone, dont la place a été confirmée pour les trois prochaines années, est optimiste pour l’avenir. « Je ne sais pas pourquoi l’on critiquait CVC… parce qu’ils étaient actionnaires, ils ne faisaient pas partie du management. Ils ont acheté l’entreprise pour faire de l’argent, et ce sera l’intention de Liberty. Ils ne regardent pas cela comme un divertissement, donc ce n’est pas différent de CVC. Mais j’espère vraiment que la transaction sera bénéfique à la F1. Tout le monde est d’accord pour dire que c’est heureux et positif, et j’ai rejoint ce groupe ». Ce qui, entre les lignes, signifie que ce n’était pas le cas au départ, puisque l’on disait que Liberty aurait dans un premier temps souhaité écarter « Bernie »…
Du côté des équipes, l’inquiétude n’est pas non plus de mise. Un porte-parole de McLaren a ainsi résumé l’opinion générale : « C’est bien sûr un développement important, qui vient juste d’arriver. Mais de ce que nous avons déjà compris, nous avons confiance pour croire que ce sera une étape positive pour la F1. »
Directeur d’équipe adjoint de Force India, Bob Fernley, féroce critique du propriétaire précédent pour sa distribution inégalitaire des revenus, attend davantage de Liberty : « Je pense qu’il est juste de dire que j’ai été critique de CVC dans le passé, donc un nouveau partenaire est bon. Avec CVC, nous avions une entreprise qui était seulement intéressée par retirer de l’argent du business. Ils ont fait ce qu’ils étaient supposés faire comme hedge fund, qui est de rendre l’argent aux actionnaires. J’espère qu’ils ont vendu la F1 à une entreprise qui peut créer de la croissance. Quand vous amenez un groupe de médias, il y a bien sûr un certain intérêt à développer le sport. Cela rapporte, ensuite, pour les deux parties. Ils amèneront beaucoup d’expérience du modèle de franchises du sport américain et ce ne peut être qu’une bonne chose. Nous avons un produit unique en Formule 1, créé par Bernie, avec d’autres personnes qui y ont contribué dans le passé : comme Ron Dennis, Franck Williams, Ken Tyrrell. »
« Ensuite, si vous rajoutez l’expertise de Liberty Media dans le marketing du sport, vous obtenez un mélange intéressant. C’est juste une question de tout mettre ensemble maintenant, mais le message-clef de notre côté, c’est que nous allons avoir une époque excitante. »
Liberty Media compte donner aux équipes la possibilité d’investir dans le sport, ce qui fait réagir Bob Fernley. « Le diable niche dans les détails. Assez étrangement, nous avons autrefois proposé ce type de modèle à CVC il y a deux ans, donc c’est plaisant de voir que les choses commencent à se développer de ce côté. Bien sûr, cela dépend de la manière avec laquelle on le fait, comment on le fera fonctionner. Ce serait l’idéal d’avoir une sorte de modèle avec des franchises, avec les équipes elles-mêmes pour garantir le produit, et ensuite les propriétaires peuvent venir et partir. »
Bob Fernley voit enfin d’un bon œil la prolongation du séjour de Bernie Ecclestone dans le paddock… « Nous avons besoin de Bernie comme guide à travers ce processus, et pour garder ce caractère unique. C’est la plus importante des choses. Cela aurait été une grande erreur de précipiter la fin de Bernie. Il doit en faire partie. Clairement, il doit y avoir une transition, et peu importe nos désaccords, vous avez besoin de Bernie comme guide dans ce processus. »