Alors que Lotus, qui se bat aujourd’hui pour des podiums et pour la seconde place du classement des constructeurs, est en grande difficulté financière, cela peut être considéré comme une évidence des trop grandes dépenses effectuées par les équipes, selon Gary Anderson.
On compte aujourd’hui plus de la moitié des équipes en danger à cause de leur santé financière précaire. Pilotes payants, investisseurs parfois peu rassurants, les équipes font appel à tous les moyens pour remplir leurs caisses. Pour Gary Anderson, les équipes ne sont pas à plaindre et devraient plutôt maîtriser leurs dépenses.
« Je pense que les équipes doivent faire avec leur budget, comme une famille gèrerait le sien » explique l’ancien directeur technique. « Il y a un peu de naïveté chez les équipes, et de la mauvaise gestion du côté financier. Les équipes ne peuvent pas dire à Bernie ou CVC (entreprise qui possède les droits de la F1) qu’elles veulent plus d’argent. Elles ne peuvent pas dire qu’elles sont incapables de faire attention et qu’il faut leur donner plus. Serait-ce correct ? Je ne pense pas ».
« Les dépenses doivent être contrôlées. Je contrôlerais les changements mineurs sur la voiture. Cela n’empêcherait pas les équipes de développer mais ça signifierait une réduction des dépenses. Actuellement, les équipes développent des pièces qui, si elles ne fonctionnent pas, sont directement jetées. C’est seulement parce qu’elles le peuvent, car si on leur disait que ces changements ne pouvaient intervenir que toutes les cinq ou six courses, elles le feraient. Elles prendraient plus de temps à faire des recherches et il y aurait moins de gâchis ».
Gary Anderson, qui a été impliqué dans le développement de monoplaces victorieuses, sait à quel point les équipes ne lésinent pas sur les moyens lorsqu’il s’agit d’affiner leurs voitures. « Prenez l’aileron arrière. Il y a un aileron arrière différent pour chaque circuit, c’est stupide. Pour moi, on devrait aller à Melbourne avec un aileron arrière, et comme la boîte de vitesses, le faire durer cinq courses au moins. On économiserait un paquet d’argent ».
« Regardez les roues et les pneus » continue Anderson, « dans les stands, la plupart des équipes ont 11 trains de pneus pour le sec, tous montés, quelques trains d’intermédiaires et de pneus pluie, tous montés aussi. Quinze trains de roues, pneus et couvertures prêts à l’emploi dès le jeudi après-midi. Le maximum qui peut être utilisé en qualifications, c’est trois trains de durs, trois trains de tendres. Six trains de pneus, plus un ou deux de pneus intermédiaires ou pluie. Entre huit et dix donc, et ces choses-là coûtent de l’argent. Sur une saison, une équipe pourrait économiser environ douze millions d’euros, simplement par du gâchis ».
Comme tous les acteurs de la F1, Anderson s’inquiète du coût global de la saison à venir, avec des changements tant au niveau de l’aérodynamique que du moteur. Pour lui, les coûts de recherche, développement, amélioration et fiabilisation pourraient exploser et poser un réel souci.
« La FIA doit faire attention, car elle inflige des coûts énormes aux équipes qui ont déjà des difficultés. L’année prochaine sera un cauchemar, un gros cauchemar, un vrai champ de mines, car il y a énormément de changements. La FIA doit réfléchir à des règles qui limiteraient l’augmentation des développements ».
« Il y a quelques années, Bernie aurait tapé du poing sur la table et ça se serait fait, mais ça ne fonctionne plus comme ça. Je sais que Bernie éteint beaucoup d’incendies mais je ne sais pas qui dirige vraiment. Il ne maîtrise plus vraiment ce business, il le fait pour les actionnaires. La Formule 1 a un défaut de leader, mais ce qui pourrait lui arriver de pire serait que les équipes prennent les décisions » continue le consultant technique de la BBC.
« Quelqu’un doit tirer les ficelles parce qu’il y a aucune chance que 11 ou 12 équipes puissent se mettre d’accord sur n’importe quoi. Il y aurait des conflits d’intérêts par égoïsme et ce serait un cauchemar ».