Méconnue du grand public, la FOPA, la Formula One Promoters Association, représente les intérêts des propriétaires du circuit du calendrier – les promoteurs des Grands Prix.
Les points de désaccord actuels, hélas nombreux, ont été abordés lors d’une récente réunion de la FOPA à Londres.
Malgré le rachat de la F1 par Liberty Media qui offre des perspectives encourageantes pour le long terme, l’heure n’est pas aux réjouissances pour les promoteurs. Les difficultés financières prennent de l’ampleur pour certains d’entre-eux, à l’image du British Racing Drivers’ Club, propriétaire du circuit de Silverstone, qui a décidé de mettre fin au contrat liant le circuit à la F1 après 2019. Les promoteurs des circuits d’Austin et de Monza sont également dans la tourmente.
L’autre sujet de mécontentement concerne les inégalités entre promoteurs. Certains circuits ne versent pas d’argent à la F1 pour organiser de Grand Prix (comme pour Monaco) ; d’autres au contraire doivent s’appuyer sur des subventions étatiques ou sur des événements subsidiaires (organisation de concerts) pour joindre les deux bouts.
Les promoteurs paient en moyenne 31,1 millions d’euros pour avoir le droit d’organiser une course, mais ce nombre cache de grandes disparités entre Monaco (0 €) et Abu Dhabi (75 millions d’euros). Le montant de ces droits d’entrée augmente de surcroît de 5 % par an. Dans l’ensemble les promoteurs ont versé 653 millions d’euros au sport, soit la plus grande source de revenus pour la F1 (1,8 milliard de revenus au total).
L’année 2021 sera décisive pour les promoteurs : 11 des 20 contrats des circuits actuellement au calendrier arriveront à expiration. Ce sera également la date de l’entrée en vigueur des prochains Accords Concorde, qui redessineront le cadre réglementaire de la discipline.
Une source interne de la FOPA a assuré qu’aucun contrat ne serait prolongé en l’état. Une amélioration des conditions financières est attendue : les promoteurs souhaitent que Liberty Media consente une réduction des droits d’entrée.
Les marges de manœuvre semblent pourtant limitées pour Liberty Media, qui a déjà beaucoup à faire avec la baisse des revenus distribués aux équipes (baisse de 5,9 % à 650 millions). Si les promoteurs voient leurs droits d’entrée baisser, les équipes auront encore moins de revenus et le sort de certaines structures (Sauber, Williams) serait en suspens.
Pour ne rien arranger, des tribunes restent désespérément peu remplies lors de certains événements. Telle la source du désengagement des promoteurs du Grand Prix de Malaisie : la F1 n’est plus aussi attractive et spectaculaire que par le passé, surtout si on la compare à la Moto GP.
Ross Brawn a promis à la FOPA des changements positifs d’ici 2021, avec un nouveau règlement aérodynamique qui devrait assurer plus de spectacle en piste. Mais les négociations sont très loin encore d’être achevées et s’annoncent difficiles ; c’est ainsi que la proposition de simplifier le design des ailerons avant, pour faciliter les dépassements, a été refusée en bloc par Ferrari, qui dispose d’un veto en la matière.
La renégociation des contrats des circuits sera également une affaire de longue haleine, puisque chaque contrat est unique en son genre et comporte de nombreuses clauses, excluant toute idée de négociation collective sur le prix - pour tenir compte de la diversité des situations. Dans l’ensemble néanmoins, les promoteurs seraient d’accord sur un point : ils donnent trop et reçoivent trop peu.
Pour ne pas écarter les promoteurs, Ross Brawn, Sean Bratches et Chase Carey devront certainement mener ces négociations en parallèle d’une réforme en profondeur de l’organisation du sport. Ce qui passe notamment par la remise en question de privilèges historiques dont dispose une certaine écurie au cheval cabré...