A l’image du CIR (Crédit Impôt Recherche) en France, le Royaume-Uni dispose d’un dispositif fiscal, le Research and Development Expenditure Credit (RDEC), pour soutenir les dépenses en R et D de toutes les entreprises (de moins de 500 employés) basées sur le sol de sa Majesté.
Concrètement, 12 % des dépenses de R et D des entreprises peuvent être remboursées par l’État, soit via une réduction d’impôt, soit via un paiement direct si l’entreprise en question ne réalise pas encore de profit (elle n’est donc pas imposée).
Or, les écuries de F1 installées Outre-Manche sont directement concernées par ce dispositif fiscal et ont pu largement en profiter, en particulier Force India. Depuis 2012, Force India a ainsi reçu 51 millions de livres (57 millions d’euros) de remboursements, devant McLaren (31 millions d’euros), Mercedes (13 millions d’euros), Manor (12 millions d’euros), Renault (5 millions) et Williams (4,15 millions d’euros), qui, étrangement, a fort peu profité du RDEC.
Force India a au contraire habilement réussi à dépenser davantage de son budget en R et D, pour économiser plus que ses concurrents.
Or, ces subventions directes aux écuries de F1 font aujourd’hui polémique en Grande-Bretagne, à l’heure des restrictions budgétaires. Une députée du Labour, le parti d’opposition, a ouvertement remis en cause l’applicabilité du crédit d’impôt aux écuries.
« Il est outrageant que ces écuries et que cette industrie, possédée par des milliardaires et des multinationales, reçoivent ces crédits généreux venant de fonds publics » a déclaré la députée Margaret Hodge.
« Le Ministre des Finances présentera bientôt son prochain budget et devrait saisir cette opportunité pour réformer le RDEC, afin que des personnes qui se sont déjà enrichies, et qui ont déjà eu du succès dans les affaires, ne puissent plus en profiter. »
« Année après année, Force India a dépensé une plus grande proportion de son budget en R et D, ce qui s’est illustré sur ses performances en piste. L’an dernier, nous avons découvert que la F1 a payé seulement 6 millions de livres en impôt des sociétés, alors que les profits ont été massifs, à hauteur de 416 millions d’euros. Aujourd’hui, nous découvrons que ces écuries de F1 reçoivent plus de 112 millions d’euros [100 millions de livres] d’argent public. »
L’opportunité de la suppression de ce dispositif pour les écuries mérite cependant d’être questionnée. Alors que le Brexit menace le modèle économique des écuries, et que le Grand Prix organisé à Silverstone pourrait disparaître, la suppression du RDEC affaiblirait encore l’attractivité du Royaume-Uni. De plus, l’imposition, à compter de 2021 d’un budget plafonné, pourrait rationaliser à moyen terme les dépenses en R et D.