Si Liberty Media avait connu un certain état de grâce au début de la saison, l’horizon est devenu aujourd’hui plus brumeux. Ferrari s’oppose clairement aux orientations proposées par les Américains pour le futur du sport ; Sergio Marchionne répète même à qui veut l’entendre sa menace de créer un championnat parallèle.
Les consultants de Sky Sports, Martin Brundle et Damon Hill, espèrent que Liberty Media ne va pas céder à la pression d‘une Scuderia traditionnellement conservatrice.
« Liberty Media doit être audacieux » confie Martin Brundle. « Ils doivent dire : ‘voici le futur de la F1, c’est la direction que nous prenons, rejoignez-nous ou quittez-nous’. Et ils doivent être vraiment clairs sur ce point. »
Martin Brundle risquerait-il vraiment un départ de Ferrari, l’écurie emblématique de la discipline ?
« Je crois qu’ils bluffent. Où irait Ferrari par exemple ? Ils sont déjà au Mans, ils ont gagné le championnat du monde GT, et tout le monde s’en fiche. Alors, partir affronter Mahindra en Formule E… Ils n’ont aucun budget publicité, parce que la F1 remplit ce rôle. Donc je crois que Liberty Media doit être vraiment intraitable avec Ferrari. »
Pour Damon Hill, le champion du monde 1996, les orientations générales choisies par Liberty Media sont les bonnes ; mais de la théorie à la pratique, il y a un gouffre que les Américains n’ont peut-être pas encore appréhendé.
« Beaucoup de gens seront d’accord avec les principes que Liberty Media essaie de mettre en œuvre : resserrer les écarts, réduire les avantages injustes qu’ont certaines équipes. »
« Mais c’est la F1 et nous voyons de tels projets être lancés depuis très longtemps. Car il faut négocier avec des groupes très puissants, il faut beaucoup négocier pour y arriver. »
« Je ne doute pas que Liberty Media comprenne le marketing et le business d’un média contemporain, mais ils n’ont pas besoin de Ross Brawn. Ross Brawn a fait quelques suggestions pour l’avenir et immédiatement, les équipes ont réagi, donc il y aura toujours des obstacles. »
Plus radical que son collègue de travail, Martin Brundle est d’avis que la F1 doit « être extrême » pour attirer de nouveaux publics.
« La F1 doit être le sport le plus rapide, le plus effrayant. Il doit y avoir les meilleures voitures de course, avec les pilotes les plus doués se battant roue contre roue. L’objectif est très simple, et je pense en fait qu’y arriver est relativement facile. Mais il y a juste beaucoup de manœuvres politiciennes et d’égoïsme sur la route… Donc je ne sais pas comment tout cela va se terminer. »