Gérard Lopez, l’ancien propriétaire de l’équipe Lotus, est revenu sur l’aventure de l’équipe d’Enstone avant qu’il ne la revende à Renault à la fin de la saison 2015.
Le Luxembourgeois est passé par de belles émotions... avant de pratiquement toucher le fond.
"La Formule 1 a très bien fonctionné pour nous. Ma grande satisfaction, ça a été d’être une des seules écuries détenue complètement de façon privée qui ait quand même réussi à gagner des courses, à monter sur des podiums – et pas deux ou trois ou quatre, je pense qu’on en a fait 25 ou 26 – à faire revenir quelqu’un en qui plus personne ne croyait – Kimi Räikkönen – à créer d’un pilote dont on savait qu’il était rapide et qu’il était potentiellement très bon, mais qui faisait beaucoup d’erreurs – Romain Grosjean – en faire quelqu’un qui aujourd’hui, je pense, fait partie des pilotes les plus talentueux en Formule 1, et quelqu’un qui arrive maintenant à développer une voiture et qui est beaucoup plus posé," explique Lopez à Julien Fébreau, le consultant de Canal +.
"Donc vous faites des podiums, vous allez chatouiller tout le monde, et financièrement, ça tient la route... Tout à coup, vous ne gagnez plus ; non seulement vous ne gagnez plus, mais vous sortez en première session de qualifications, vos sponsors ne sont pas contents, vos pilotes ne sont pas contents, et donc vous vous retrouvez finalement non plus à vous battre contre 10 autres écuries ou 11 autres écuries mais vous vous retrouvez à vous battre contre un environnement, contre le propriétaire des droits parce que vous lui dites que le partage n’est pas équitable, contre les constructeurs en disant que c’est du n’importe quoi, qu’on passe de 12 millions à cette année où on va dépenser 30-40 millions sur des moteurs qui n’étaient pas budgétisés, et en plus, ça marche pas."
"Vous vous battez contre d’autres écuries parce qu’ils essaient de médire pour essayer d’aller vous prendre un pilote et puis vous essayez de retenir tant bien que mal des sponsors à qui vous n’avez plus d’histoire à raconter. Parce qu’ils ne vont pas vous croire que vous allez gagner des courses l’année prochaine... parce que vous-même, vous savez que vous n’allez pas gagner de course."
"Et là, vous avez un choix : j’ai viré 250-300 personnes mais plus jamais je ne gagnerai une course, mais je ne perdrai pas non plus d’argent ; ou vous faites en sorte que l’usine ne ferme pas ses portes, vous faites surtout en sorte de maintenir tant bien que mal les 500 personnes qui sont employées. Pourquoi ? Parce que vous savez qu’un constructeur n’achètera pas une écurie avec 200 personnes. On a dû souffrir un peu mais il n’y a aucun regret et, à refaire, c’est exactement pareil, exactement pareil."