Après le Grand Prix du Mexique il y a dix jours, Alain Prost se demandait ce qu’il se serait passé si la voiture de sécurité n’était pas entrée en piste peu après le départ et avait par la même occasion effacé l’avantage que Lewis Hamilton avait gagné après être sorti de la piste dans le premier virage. Le Britannique semblait en effet avoir profité de la manœuvre pour gagner du terrain sans pour autant être pénalisé. Et ce matin, Max Verstappen estimait pour sa part qu’il y avait deux poids deux mesures, puisqu’il avait lui-même commis une erreur similaire plus tard pendant la course mais avait été puni. Dès lors, doit-on en conclure que les décisions des commissaires manquent de cohérence ? Pas si l’on en croit l’ancien pilote Allan McNish.
« J’ai officié en tant que commissaire sur un certain nombre de Grands Prix. Et il n’y a pas eu d’incohérence, tous les pilotes et les équipes le savent : le départ et le premier tour sont traités différemment du reste de la course. Ça ne veut cependant pas dire qu’on peut faire n’importe quoi et s’en tirer, comme on a pu le voir quand Carlos Sainz a été pénalisé pour avoir poussé Fernando Alonso sur l’herbe : une conduite antisportive sera toujours punie. Mais les incidents légers sont tolérés au départ, tout simplement parce que c’est un moment de la course qui est inévitablement mouvementé avec toutes ces voitures roue dans roue. »
« Lors du premier tour, Hamilton a bloqué ses roues et est parti au large dans le virage numéro 1, avant de couper par l’herbe et de revenir en piste dans le deuxième virage. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on ne l’a pas pénalisé : c’était le premier tour, et les commissaires sont donc plus souples. Ensuite, il ne se battait avec personne, il était clairement en tête et la bataille faisait rage pour la deuxième place seulement. Et finalement, il a levé le pied dès qu’il est revenu sur la piste. Hamilton a gardé la tête froide et réagi en un éclair, un réflexe crucial parce que les commissaires se basent sur une règle qui veut qu’un pilote ne doit pas gagner un ‘avantage durable’ en sortant de la piste. »
« Le blocage de roues et le plat sur les pneus ont mis Hamilton dans une situation délicate : ça a engendré de grosses vibrations qui secouent non seulement le pilote, mais font aussi planer la menace d’une casse des suspensions. C’était arrivé à Kimi Räikkönen en 2005 sur le Nürburgring. Il avait mené quasiment toute la course et était resté longtemps en piste avec un train de pneu qui présentait un plat, et la suspension avait volé en éclats dans le tout dernier tour. »