Max Mosley a vivement critiqué la décision qu’a prise la FIA de faire revenir la Formule 1 à Bahreïn dès cette année. Dans une chronique publiée par le Telegraph, l’ancien président estime que cette décision va coûter cher à la Formule 1.
Mosley commence en avouant comprendre que la F1 et le sport en général doivent se rendre dans des pays qui ne sont pas au dessus de tout soupçon. "Il y a plusieurs raisons pour cela. La première c’est que d’appliquer les plus hauts standards des droits de l’homme exclurait un très large nombre de pays des compétitions internationales, et cela inclut au moins une des alliés les plus proches de la Grande-Bretagne."
"La deuxième, c’est que si vous devez appliquer autre chose que les plus hauts standards, vous seriez confronté au débat sans fin de savoir où poser les limites. La troisième c’est que ce n’est pas la fonction d’une fédération sportive que de dicter aux gouvernements ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire. La politique doit rester aux politiciens. L’administrateur d’un sport est élu pour gérer un sport. Celui qui veut être politicien doit choisir une élection en politique et non le sport," ajoute Mosley.
Pourquoi le cas de Bahreïn est-il différent ? "On va nous dire que le fait d’avoir une course en octobre signifie que Bahreïn est de nouveau un pays heureux, où règne la paix. Alors pourquoi est-ce que c’est malsain pour la F1 d’être là ? Pourquoi est-ce que c’est différent que d’organiser un évènement dans n’importe quel pays où les gens sont oppressés, maintenus dans la pauvreté, maltraités, ou pire envoyés en prison sans procès ?"
"C’est sûr, une limite doit être fixée quand un évènement sportif n’est plus utilisé comme il se doit, pour le divertissement, mais par un régime d’oppression pour camoufler ses actions. Si un sport accepte ce rôle, il devient un instrument du gouvernement. Si la Formule 1 accepte d’être utilisée de cette façon à Bahreïn, elle partagera la culpabilité du régime comme si elle allait elle-même aider à brutaliser des manifestants non armés."
"Après ces actes horribles, le gouvernement de Bahreïn veut nettoyer son image. C’est là où le Grand Prix intervient. En organisant la course, ils espèrent montrer au monde que les problèmes étaient petits, que les difficultés étaient temporaires et que tout est de nouveau normal."
"En acceptant de courir à Bahreïn, la Formule 1 devient complice de ce qui s’est passé. Elle devient un instrument de répression du gouvernement. La décision d’organiser la course est une erreur qui ne sera pas oubliée et qui, si elle n’est pas remise en cause, coûtera certainement cher à la Formule 1," conclut Mosley.