Esteban Ocon semble avoir pris l’habitude de rendre positives des opportunités difficiles ou dangereuses. Appelé par Manor pour remplacer Rio Haryanto après la pause estivale en 2016, le Français n’avait pas hésité à s’engager malgré l’absence de roulage au volant de la monoplace mais aussi sur les circuits prévus au calendrier.
Face à Pascal Wehrlein, l’autre pilote soutenu par Mercedes, Ocon progressait rapidement jusqu’à tenir tête à l’Allemand en fin de saison, ce dernier étant pourtant loin d’être mauvais. Une performance qui lui valait d’être promu chez Force India après seulement neuf courses disputées.
Conscient du défi qui l’attendait, Ocon s’est entraîné tout l’hiver pour développer sa forme physique mais aussi affiner son pilotage, sachant qu’il serait encore un débutant dans la première partie de saison.
Un entraînement qui était le bienvenu quand Force India lui confirmait ses objectifs : "Nous voulons qu’Esteban rentre directement dans les points" tranchait Bob Fernley avant Melbourne.
Le jeune pilote n’a jamais flanché devant l’enjeu et malgré des courses compliquées, il a rempli cet objectif lors de chacun des quatre premiers Grands Prix de l’année.
Peu verni au niveau de la stratégie et du timing notamment à Bahreïn, Ocon exprimait sa frustration de ne pas faire mieux que la dixième place, un objectif qu’il remplira deux semaines plus tard à Sotchi avec une huitième place synonyme de meilleur résultat de sa jeune carrière.
Avec sa première Q3 en Russie, il a également signé son meilleur résultat en qualifications. Mais le plus important pour lui se situe dans le rythme, puisqu’il arrive de mieux en mieux à suivre Pérez en course et à s’en approcher sur un tour.
Malgré la domination du Mexicain en interne, Ocon progresse à pas de géants et possède certainement une marge d’évolution très large, ce qui lui permettra de se rapprocher encore plus de Pérez dès lors que l’on reviendra sur des circuits qu’il connaît.
Avec cette expérience supplémentaire, il ne serait pas étonnant de le voir faire jeu égal avec son équipier, au moins en qualifications puisque l’on sait que le Mexicain est redoutable en gestion de course.
S’il y parvient, il ne fera que confirmer ses très bonnes dispositions, lui qui était capable de lutter face à Max Verstappen dans les formules inférieures et qui s’est révélé sous la pluie à Interlagos l’an dernier en manquant de peu le top 10 au volant de la Manor.
Des dispositions qui pourraient l’emmener plus haut encore puisqu’il est désormais le pilote le plus coté de la filière Mercedes, d’autant que le personnel de Force India, des mécaniciens aux têtes pensantes de l’équipe, ne tarit pas d’éloges sur le Français.
Si sa marge de progression est du même acabit que son début de saison chez Force India, la voie des équipes de pointe lui sera toute tracée avec l’appui de Mercedes qui devrait encore être candidate à la victoire et au titre lorsqu’il sera mûr pour occuper un baquet prestigieux.
En extrapolant à peine, on peut rapidement imaginer Ocon en tant que pilote français candidat au titre mondial, trois décennies après Alain Prost.