Après avoir côtoyé les deux champions du monde chez McLaren et Ferrari, le désormais ex-directeur technique et ex-responsable de l’ingénierie de la Scuderia, Pat Fry, est revenu sur ce qui avait fait que l’écart entre Fernando Alonso et Kimi Raïkkönen avait été si important l’année dernière.
"Il y a deux raisons à cela," explique le Britannique. "D’abord il y a le fait que Fernando s’adapte mieux à tout type de situation, et ensuite que les limites de la voiture et des pneumatiques affectent particulièrement le style de conduite de Kimi. Lorsque vous arrivez à bien équilibrer l’avant de la voiture comme il le souhaite, les problèmes arrivent alors à l’arrière de la monoplace. Parfois, avec les pneumatiques les plus tendres, cela se passait bien. Prenez Singapour, il s’était élancé en pneus "super tendres" et avait réussi à gagner beaucoup de temps. Mais globalement, avec la voiture et les pneumatiques de l’année dernière, le problème était récurrent. Vous commencez à économiser de l’essence et perdez ainsi de la température sur votre pneu et ne trouvez donc pas d’équilibre, puis vous accélérez et cela revient. Fernando travaille la voiture et les pneus et peut conduire en contournant les problèmes. Plus vous êtes dur avec l’avant de la voiture, plus vous serez performant."
"Avec une meilleure température sur les pneus avant, vous pouvez obtenir davantage de récupération d’énergie depuis l’essieu arrière, car pendant que les freins à commande électrique et l’ERS récupèrent également de l’énergie, vous avez moins de chance de bloquer l’avant de la voiture. Avec une monoplace équipée de pneumatiques trop froids, vous serez contraint de récupérer de l’énergie de manière plus agressive depuis l’essieu arrière, afin de vous assurer d’un freinage moins brutal. Cela vous fera consommer plus d’essence, étant donné que vous aurez récupéré moins d’énergie. Ce qui fatalement vous obligera à ralentir pour gérer votre consommation, ce qui rend ensuite plus difficile la gestion de température des pneumatiques. Et vous voilà ainsi embarqué dans une spirale infernale."
"Kimi était le même chez McLaren. Il a toujours été très sensible à l’avant de la voiture. Quand nous l’avions lui et Montoya dans l’équipe, nous avions environ sept types de suspensions avant différents. Pour obtenir le meilleur de Kimi, vous devez lui donner la voiture qui lui convient," conclut Fry.