Si Sauber commence 2019 comme elle a fini 2018, tout ira bien...
Les apparences sont trompeuses : Sauber a certes fini à la 8e place du classement des constructeurs « seulement », mais a bouclé la saison 2018 en trombe. L’écurie suisse était régulièrement la 4e ou 5e équipe la plus rapide, ce qui s’est traduit par plusieurs qualifications d’affilée en Q3.
Si Sauber commence 2019 comme elle a fini 2018, progresser au classement des constructeurs sera relativement aisé. Mais faut-il viser beaucoup plus haut ? Frédéric Vasseur a tenu récemment à éviter tout triomphalisme et sait qu’une 6e place serait déjà un grand pas en avant : « Il faut voir les choses en face : passer de la 10e à la 8e place, est plus facile que passer de la 8e à la 6e, ou que de la 6e à la 4e. Chaque étape est plus difficile. »
De manière réaliste, Sauber pourrait espérer battre Haas, l’autre écurie motorisée par Ferrari, à laquelle il est directement possible de se comparer. Les moyens budgétaires entre les deux écuries ne sont pas d’ailleurs tant dissemblables…
Châssis 2019 : La montée en puissance du département aérodynamique
Pour ce faire, Sauber peut compter sur son département châssis dont la restructuration, toujours en cours, a déjà porté les fruits en deuxième moitié d’année. La période de vaches maigres est terminée, et l’écurie s’est mise à réembaucher tout en redevenant attractive pour les meilleurs profils.
« Nous avons embauché 40 personnes dans notre département aérodynamique et nommé un nouveau directeur, Jan Monchaux » rappelait récemment Frédéric Vasseur à ce sujet.
Sauber a perdu beaucoup de points en début de saison en 2018, quand le châssis n’était pas au niveau. Cette fois-ci, l’écurie suisse peut donc espérer être directement dans le match.
Néanmoins, contrairement à l’an dernier, Sauber ne pourra plus faire un bond en avant « automatique » sur le plan du moteur. Début 2017, après une saison 2016 passée avec un V6 Ferrari daté d’un an, Hinwil avait gagné des dizaines de chevaux d’un coup. Cette année les progrès seront forcément moindres, d’autant que les performances pourraient s’équilibrer face à Renault et Honda.
Avant les budgets plafonnés, Sauber est dans une position favorable
La croissance de l’écurie devrait être malgré tout soutenue par la perspective des budgets plafonnés, en 2021. Contrairement à d’autres structures, comme McLaren, Sauber dispose d’une marge de manœuvre confortable sur le plafond à venir des budgets capés, ce qui lui permettra de recruter sans crainte, alors que d’autres équipes devront freiner sur ce plan.
Sauber sera en concurrence avec Racing Point Force India, qui va également croître de façon soutenue, pour attirer les meilleurs éléments. Mais un évènement politique extérieur pourrait faire les affaires de Frédéric Vasseur. Un « hard Brexit » ou « no-deal Brexit » donnerait des maux de tête considérables aux DRH britanniques (Racing Point Force India est basée Outre-Manche). C’est donc le moment ou jamais pour Sauber de recruter.
Räikkönen et Giovinazzi, un duo prestigieux et prometteur
Le duo de pilotes est un autre élément qui incite à l’optimisme chez Sauber. Pour la première fois, un champion du monde courra pour l’écurie : Kimi Räikkönen. Pour ce retour aux sources, le Finlandais sera une source presqu’inespérée d’expérience, de retour technique et bien sûr de vitesse pure. Chez Ferrari en 2018, Kimi Räikkönen a fini la saison en pleine forme, avec une victoire à Austin, prouvant que malgré son âge, il n’avait rien perdu de son talent. Restera-t-il tout de même motivé tout au long de la saison, si les performances ne suivent pas ? Commencera-t-il à montrer des signes de déclin ? En dépit de ces incertitudes, la signature de Kimi Räikkönen est tout de même un énorme coup réalisé par Sauber… sur le plan sportif, mais aussi marketing.
L’expérience et la réputation de Kimi Räikkönen contrastent avec celles du rookie Antonio Giovinazzi. L’Italien avait déjà couru pour Hinwil, en remplaçant à deux reprises Pascal Wehrlein, blessé. Mais deux violents crashs ont terni sa réputation. Malgré ces bourdes, il a donc été préféré à Marcus Ericsson. Il faut dire que ces accidents ne doivent pas occulter la vitesse pure indéniable de l’Italien, qui avait longtemps disputé le titre à Pierre Gasly en GP2, alors qu’il était rookie dans la discipline. Il a de plus roulé à plusieurs reprises dans une F1, et dans la Sauber lors des essais Pirelli, si bien que son adaptation en sera facilitée.
Conclusion : Sauber a tout pour séduire… sur le papier
Département aérodynamique qui monte en puissance, fin de saison 2018 très prometteuse, Kimi Räikkönen à bord… Sauber ne manque pas d’arguments pour rassurer les fans du Finlandais.
Attention tout de même à la déception : les gains obtenus directement par le moteur seront moindres qu’en 2017 ; et le changement réglementaire de 2019 est presque arrivé quelques mois trop tôt, pour une écurie qui recrute nombre d’ingénieurs aujourd’hui. On comprend dès lors l’optimisme prudent de Frédéric Vasseur : un champion du monde dans l’écurie ne fait pas tout. La galère de Fernando Alonso avec McLaren le rappelle… mais la dynamique est tout autre chez Sauber : les contraintes budgétaires étant beaucoup moins fortes, l’horizon semble dégagé.