Racing Point n’aura désormais plus de soucis de fins de mois
Force India est passée proche de la faillite l’an dernier, mais fut sauvée grâce à l’argent de Lawrence Stroll et de ses associés. Désormais connue sous le nom de Racing Point (le nom devrait encore changer), l’écurie basée en Angleterre peut désormais oublier l’incertitude budgétaire pour se concentrer sur le plan sportif.
Les performances pures, en fin de saison, ont confirmé que Racing Point était en mesure de développer, avec moins d’argent, un châssis pouvant tenir la comparaison face aux Renault. Esteban Ocon et Sergio Pérez ont permis à leur équipe, qui était repartie de zéro, de remonter jusqu’au 7e rang, en finissant tout proche de McLaren… Racing Point avait bien le potentiel pour être « la meilleure des autres », mais les impasses budgétaires en cours de saison ont empêché à la voiture d’évoluer. Un top 5 apparaît alors comme un objectif raisonnable pour l’écurie en 2019.
Avec l’argent de Stroll, Racing Point va-t-elle pouvoir exprimer son grand potentiel ?
L’argent de la famille Stroll va en effet permettre de débloquer le potentiel des aérodynamiciens de l’équipe, dont le talent n’est plus à prouver, eux qui ont réussi à faire mieux que d’autres, avec moins de moyens. Les millions nouveaux vont permettre, d’une part, d’embaucher (mais les conséquences positives ne pourront être attendues à court terme) et, surtout, de développer et produire plus d’évolutions, sans la crainte de pénuries ou de défaut de paiement envers les fournisseurs.
Mais le rachat de l’écurie n’est-il pas intervenu quelques semaines trop tard pour anticiper le changement réglementaire ? On imagine en effet qu’avec une écurie risquant la faillite, les ingénieurs ont dû laisser un peu de côté le programme 2019 avant le rachat salvateur. Néanmoins, si un retard était accusé en début de saison, les perspectives d’évolution en cours d’année, avec des armes budgétaires inédites, en sortiront affermies…
Face à Sergio Pérez, Lance Stroll doit sauver sa légitimité
L’argent du père est une bonne nouvelle, la signature du fils comme pilote titulaire en est-elle une mauvaise ? Lance Stroll, fils de Lawrence, sera en effet aligné aux côtés de Sergio Pérez. Esteban Ocon a été prié de retourner au bercail Mercedes pour faire place nette, ce qui constitue indubitablement une perte de talent pur pour l’écurie. Mais quand le père est aux commandes…
Lance Stroll part avec une réputation de pilote payant, qui sera difficile à effacer auprès des fans. Face à Sergey Sirotkin, le Canadien a été loin d’être dominateur : un bilan inquiétant pour une écurie qui veut justement monter en puissance… S’il est ridicule face au Mexicain, sa position sera-t-elle soutenable à moyen terme ? Mais ne soyons pas trop fatalistes : face à Felipe Massa lors de sa première saison chez Williams, Lance Stroll a prouvé qu’il était capable de réussir des coups d’éclat, comme à Bakou (podium) ou à Monza en qualifications. Il lui faudra surtout être plus régulier qu’opportuniste, car il s’agira de viser les points chaque week-end. Le risque est de le voir apparaître comme un pilote sans légitimité. Et même s’il réussit de bonnes performances, le soupçon du favoritisme ne sera jamais loin.
Confronté à un pilote à l’envergure, sur le papier, moins imposante, Sergio Pérez pourrait être tenté de se relâcher, alors que le talent d’Esteban Ocon le mettait sous pression. Le risque, pour Racing Point, est ainsi de susciter moins d’émulation chez ses deux pilotes. Des points seront donc gagnés grâce à l’argent du père Stroll, mais probablement perdus compte tenu de la vitesse de pointe du fils… Telle est la rançon du rachat.
Conclusion : Malgré Stroll Jr, Racing Point veut jouer dans la cour des grands
Avec les millions frais injectés, Lawrence Stroll a annoncé vouloir viser grand à moyen terme : rejoindre le top 3 au classement des constructeurs. Avec plus de moyens, l’écurie britannique est indubitablement capable de progresser, son savoir-faire n’étant plus à démontrer. Cependant, pour pouvoir être un top-team, il faut compter sur un top-pilote… Et, jusqu’à preuve du contraire, Lance Stroll n’a pas encore prouvé qu’il était de cette trempe. Stroll Sr. versus Stroll Jr., voilà peut-être le résumé des saisons futures…