Peter Sauber a réussi à faire vivre son équipe durant 40 ans, malgré quelques moments très difficiles. Il est aujourd’hui revenu à la tête de l’équipe qu’il a fondée en 1970 afin qu’elle surmonte la défection de BMW. Lorsque l’écurie Sauber sera remise sur de bons rails, il pourra enfin souffler et prendre un peu de recul...
Q : Le Professeur Werner Niefer a joué un rôle déterminant dans votre association avec Mercedes...
Peter Sauber : Le Profeseur Werner Niefer était à la tête du conseil d’administration à l’époque. C’était un homme d’affaires vieux style. C’était le genre de personnage que l’on ne voit plus nulle part à la tête d’une grosse compagnie. A partir de là, j’ai commencé à travailler pour Mercedes sans contrat. J’ai serré la main du Professeur Niefer et cela avait plus de valeur que n’importe quel document en papier avec un tas de signatures dessus.
Q : Racontez-nous l’histoire de la naissance des Flèches d’Argent...
PS : En mars 1989, la Sauber C9 était peinte en bleu foncé et elle était prête à disputer sa première course à Suzuka. Le Professeur Niefer voulait que la voiture soit peinte en argent, mais il y avait encore une très grande résistance dans son conseil d’administration. Selon eux, nos chances de succès étaient trop incertaines. Le Professeur Niemer m’a alors demandé de peindre l’une de nos voitures en argent afin de l’exposer au salon de Genève où une réunion-clé devait se tenir. Ca n’a pas bougé très vite, mais un jour il est venu chez moi, il a mis sa main sur mon épaule et il m’a dit : "Ce sont tous de petits chats effrayés. Tu peux changer la couleur !"
Les voitures ont donc été repeintes et c’était la renaissance des flèches d’argent. Nous avons signé le doublé à Suzuka et nous avons remporté le titre des constructeurs et des pilotes dans la foulée. Nous avions aussi signé le doublé au Mans. Nous l’avons donc récompensé de la confiance qu’il avait placée en nous.
Q : Quelle a été la période la plus heureuse des 40 premières années de votre équipe ?
PS : Je serais tenté de dire que c’est notre association couronnée de succès avec Mercedes, mais les 18 saisons que nous avons passées en F1 sont aussi de belles années. Je ne veux pas choisir un moment plutôt qu’un autre, car c’est l’ensemble de ces 40 années qui ont été incroyables et j’inclus aussi les moments les plus difficiles.
Q : Vous avez permis à Mercedes de revenir dans le sport automobile et ensuite vous vous êtes associé avec BMW pour la F1. Etes-vous fier de ce que vous avez réussi à faire ?
PS : Oui, sans aucun doute. Et je suis aussi très fier d’avoir accompli tout ça en étant basé en Suisse. Après tout, ce sont deux grosses sociétés allemandes avec une longue histoire. En 2005, l’ADAC (Automobile Club d’Allemagne) m’a récompensé pour cela et ce n’est donc pas passé totalement inaperçu.
Q : Quel a été le plus beau moment de votre carrière sportive ?
PS : Il y a quelques années, j’aurais probablement dit notre victoire dans les deux championnats en 1989 et notre doublé au Mans la même année. Plus récemment, le plus beau moment de notre équipe a été notre doublé au Grand Prix du Canada en 2006 avec Kubica et Heidfeld.
Q : Et quel a été le plus mauvais souvenir ?
PS : C’est sans aucun doute l’accident de Karl Wendlinger à Monaco en 1994 à la suite duquel il est resté dans le coma pendant 19 jours. Il y a aussi eu le terrible accident de Robert Kubica à Montréal en 2007. Finalement, ces deux accidents ont eu une issue heureuse. Robert est toujours en F1 et Karl participe à des courses en GT. Je suis très heureux qu’ils aient réussi à surmonter cela.
Q : Comment voyez-vous votre avenir ?
PS : Je veux diriger l’équipe et la mettre en sécurité. Je désire aussi qu’elle arrive à un bon niveau de compétitivité. Si j’arrivais à faire ça, j’aurais accompli ma mission.