Philippe Bianchi, le père de Jules Bianchi, s’est confié à RMC Sport presque un an après l’accident de son fils à Suzuka alors que la Formule 1 est de retour sur ce circuit ce week-end. Depuis, Jules est décédé en juillet dernier et la douleur est toujours aussi vive.
"On va mal. Malheureusement, on ne peut pas aller bien lorsqu’on a vécu l’année que nous avons pu vivre. C’était une année chargée d’espoir et de désespoir à certains moments. Mais bon, l’espoir reprenait toujours le dessus parce qu’il y avait de la vie… Puis, il y a deux mois, la vie s’est arrêtée. On était tout le temps avec lui, que ça soit sa maman ou ses frères et sœurs, ses grands-parents, ses amis très proches. Tout le monde a essayé de donner le maximum de son énergie et aujourd’hui, nous avons le contrecoup de tout ce qu’on a fait car on a été impuissant sur le résultat final…"
Bianchi a été heureux de pouvoir compter sur le soutien de plusieurs pilotes, notamment lors des obsèques.
"Il ne manquait que Fernando Alonso mais j’ai parlé avec lui en Hongrie. Il était tellement touché que c’était trop dur pour lui de venir… Chacun vit les choses à sa manière," dit-il.
Pour l’instant Bianchi révèle n’avoir pas voulu revoir les images de l’accident.
"Je sens que ce n’est toujours pas le moment de les regarder. Je vais certainement les regarder un jour mais pour le moment, je n’ai pas souhaité le faire. Je n’ai pas vu les images donc je peux difficilement me prononcer sur les conclusions de l’enquête de la FIA. La seule chose que je peux dire c’est qu’il me semble très curieux, voire un peu « marrant » qu’on reproche à un pilote de Formule 1 d’aller trop vite. A priori, c’est son métier, il est là pour ça, je pense qu’ils sont tous là pour ça."
Le père de Jules ne compte pas faire de la recherche de la vérité le combat de sa vie.
"Il y a des gens dont c’est le métier qui s’occupent de ça, qui sont en train de voir ça et je pense que lorsqu’ils auront leurs conclusions, ils le feront savoir. Je ne vais pas dire que c’est le combat de ma vie… Aujourd’hui, le combat de ma vie, c’est d’essayer de reconstruire une vie sans Jules et ce n’est pas facile."
"J’aimerais faire une fondation pour essayer d’aider des jeunes pilotes qui ont du talent mais pas beaucoup de moyens. Essayer de les aider, donner des moyens pour qu’ils aient un avenir dans le sport automobile. Jules était très attaché au karting donc pourquoi pas aussi créer une marque de châssis comme ont pu le faire Fernando Alonso, Lewis Hamilton ou Daniel Ricciardo. A travers ces actions, la volonté et le combat, c’est de faire exister Jules, différemment, qu’il soit toujours présent, qu’on continue à parler de lui et qu’il soit toujours avec nous car il était vraiment amoureux de ce sport. C’était toute sa vie."
"Je sais que les pilotes sont favorables et qu’ils veulent nous aider à créer cette fondation. Une aide qui nous serait financière par le biais de ventes aux enchères de leurs casques etc… Mais ça reste encore un projet."
Philippe Bianchi admet aussi que voir un Grand Prix n’est plus possible pour lui.
"Je ne vais pas regarder le Grand Prix puisque depuis l’accident, je n’ai plus regardé les courses de F1… A chaque fois que je vois une Formule 1, ça me perturbe beaucoup. On était en Hongrie et c’est le seul Grand Prix qu’on a regardé. D’ailleurs, on était très heureux que ce soit Sebastian Vettel qui gagne ce week-end-là car Jules avait une grande partie de son cœur chez Ferrari… Mais le Grand Prix du Japon, non… C’est trop, trop difficile à seulement un an de l’accident. C’est insupportable."