Alors que la Formule 1 va mettre à profit trois journées d’essais à Silverstone pour évaluer et découvrir les nouveaux pneumatiques amenés par Pirelli après la série de crevaisons rencontrées au Grand Prix d’Angleterre, Martin Whitmarsh a déclaré qu’il n’aurait pas fallu aller si loin avant de procéder à des changements.
En effet, Pirelli avait envisagé une modification de ses pneumatiques dès le Grand Prix d’Espagne, après quelques cas sporadiques de crevaisons, mais avait rencontré un véto de la part de Ferrari, Lotus et Force India qui craignaient que ça n’affecte leurs performances.
Pour Whitmarsh, il est clair que Pirelli aurait dû être plus ferme et imposer des changements dès lors que des risques étaient encourus.
« Quand on commet des erreurs, et bien sûr qu’on en commet tous, y compris cette année, on est toujours un peu réticents à les admettre. Il y a toujours la peur de ce qu’en feront les médias. Mais c’était clair pour beaucoup de monde qu’il y avait des problèmes avec les pneus » explique le directeur de McLaren.
« Il y a eu réticence à l’admettre, et les équipes militent toujours dans leur propre intérêt avant tout. J’ai dit à Pirelli quelques semaines avant Silverstone qu’ils ne pouvaient pas écouter les équipes sur ce coup, qu’ils étaient les experts et qu’ils avaient la responsabilité de nous donner des pneumatiques sûrs. Et qu’ils devaient prendre la bonne décision ».
Pour Whitmarsh, « Pirelli s’est retrouvé coincé à vouloir écouter les équipes, et surtout celles qui ne voulaient rien changer ».
Paul Hembery, directeur de la compétition chez Pirelli, regrette effectivement de ne pas avoir plus imposé ce changement, ou au moins ne pas avoir plus essayé de l’imposer. Le manufacturier aurait « probablement » dû élever la voix lorsque les premières crevaisons sont apparues, selon lui.
« Je pense que des fois nous avons été trop corrects, à tout vouloir faire de la bonne manière, et à chaque fois que nous essayons d’imposer quelque chose, ça nous cause des ennuis. Nous voulons seulement faire notre travail, nous ne voulons pas aider qui que ce soit » se défend Hembery.
Whitmarsh pense toutefois que la grille de départ du Nurburgring montre que des modifications de pneus ne changent pas les performances intrinsèques des monoplaces, contrairement à ce que craignaient Ferrari, Lotus et Force India.
« Si vous regardez où nous en sommes maintenant, je ne pense pas que tout ait été changé par ce changement de construction, et je ne pense pas que les nouvelles structures apportent plus de variations en Hongrie » analyse l’Anglais.
« Ils auront une forme différente, donc il y aura quelques gagnants et quelques perdants à ce changement. C’est une zone sur laquelle nous avons du mal à collecter de vraies données en soufflerie, et c’est pourquoi les équipes travaillent énormément au sujet des pneus sur la piste. Je ne pense pas qu’on puisse prédire ce qu’il arrivera, mais ça n’inversera pas la grille ou quelque chose du genre… malheureusement ».