Après avoir disputé les quatre premiers Grands Prix de la saison, remportés par quatre pilotes différents au volant de quatre monoplaces différentes, les équipes en sont arrivées toutes à la même conclusion : les nouveaux pneus Pirelli rendent les courses complètement imprévisibles.
C’est tellement imprévisible que personne ne peut dire aujourd’hui qui est le favori du prochain Grand Prix d’Espagne. On ne serait pas étonné qu’une Red Bull l’emporte, mais on ne le serait pas plus si la victoire revenait à une Mercedes, une McLaren ou même une Lotus.
En vérité, les équipes se plaignent depuis quelques semaines des pneus Pirelli et de la difficulté qu’elles ont à bien les faire fonctionner. Parfois elles y arrivent, parfois non, mais dans un cas comme dans l’autre, elles ne savent pas pourquoi. Tous les bureaux d’études sont actuellement au travail sur cette problématique, mais la plupart des responsables d’équipe avouent qu’ils sont encore dans le brouillard...
Chez Pirelli, on se défend toutefois d’avoir transformé la F1 en un tirage du loto. Paul Hembery, le responsable de la compétition chez Pirelli affirme en effet que le mélange médium utilisé lors des quatre premières courses de la saison n’est pas très différent du mélange tendre qui avait été utilisé sur 18 des 19 Grands Prix de l’année passée. Selon Hembery, c’est l’interdiction du diffuseur soufflé qui est la cause de tout cela, car les voitures disposent aujourd’hui de moins d’appuis aérodynamiques.
Michael Schumacher a pourtant récemment critiqué les pneus Pirelli et pas sa voiture qui manquerait d’appuis aérodynamiques. Le champion allemand avait en effet affirmé que sa voiture était limitée par la fragilité des pneus Pirelli.
"Dans le sport automobile, la seule personne qui est contente est le vainqueur," affirme Hembery. "Les pilotes sont sous pression et lorsqu’ils ne sont pas performants, ces choses sont dites. Mais tout le monde est dans la même situation et il est vrai que ce sont les meilleurs pilotes et les meilleures équipes qui gagnent toujours. Lorsque les possibilités de votre voiture sont limitées par les pneus, vous tirez le maximum de votre monoplace et si vous n’arrivez à tirer que 70 à 80 de votre package, comme cela a été suggéré, vous ne pouvez pas espérer le moindre résultat. Regardez comment Raikkonen se débrouille alors qu’il était en WRC ces deux dernières années et il est arrivé à la deuxième place à Bahreïn."
Les équipes de F1 seront au travail la semaine prochaine sur le circuit du Mugello lors d’une séance d’essais privés et c’est bien sûr la compréhension des pneus Pirelli qui sera le plat principal dans tous les menus.
"Nous verrons bien comment cela se passera au Mugello. Vous allez voir que toutes les équipes vont travailler sur la compréhension des pneumatiques. Toutes ces discussions à propos des pneus seront de moins en moins nombreuses ; cette situation se normalisera d’elle-même. Nous ne sommes qu’au début de la saison. Au début de la saison dernière, il y avait eu aussi beaucoup de discussions sur les pneus et après quelques courses, plus personne n’en a parlé, car les ingénieurs ont travaillé pour optimiser les performances de leur monoplace," ajoute Paul Hembery.
"Il ne faut pas perdre de vue que ce que nous faisons, on nous l’a demandé. On nous a demandé de créer ce challenge. Si demain le championnat de F1 décidait de ne faire qu’un seul arrêt en course avec des pneus qui ne se dégradent pas, nous pourrions aussi le faire. Mais les gens ont peut-être la mémoire courte, car ce sport était sur le déclin et plus personne ne le suivait. Il n’y avait plus de dépassements et nous savons que le public aime les dépassements. Lors de la précédente course à Bahreïn (2010) il y avait eu par exemple 15 dépassements alors que la semaine passée, lors de cette même course, il y en a eu 73. Nous faisons seulement ce qu’on nous a demandé de faire," conclut le directeur britannique.