Les années passent mais les souvenirs restent. Depuis 19 ans, Berger a eu le temps d’en voir, des pilotes, des talents, que ce soit en concurrents en piste ou bien parmi ses pilotes quand il était chez BMW puis Toro Rosso. Mais un seul reste unique à ses yeux, et quand on lui demande qui est le meilleur pilote à son avis, il n’hésite pas un instant. "Senna, très clairement. J’ai piloté avec lui de 1990 à 1992 chez McLaren. Son ensemble était imbattable : un talent incroyable, de l’intelligence, de l’expérience, la condition physique, un instinct de tueur et par-dessus tout sa personnalité. Je comparerais sa popularité avec celle d’Enzo Ferrari ou du Pape. Lors de son enterrement, les gens étaient debout sur 10 kilomètres. Dix kilomètres en trois rangées !"
Et cet exemple montre bien, pour l’Autrichien, que ce sont les pilotes qui doivent être au centre du sport, et rien d’autre. "Ce ne sont pas les directeurs d’équipe, les designers, les marques ou les pneus qui doivent être sous le feu des projecteurs : il n’y a que le sport et les pilotes qui doivent être les stars."
Puisque ce sont les pilotes les personnes les plus importantes, ceux-ci doivent se rapprocher des supporters. Berger regrette en effet que les pilotes soient si loin des fans et des spectateurs. "Je souhaiterais que les pilotes soient de nouveau plus proches des supporters. Ils ne doivent pas oublier qu’ils sont certes payés des millions par leur équipe, mais qu’ils gagnent indirectement de l’argent grâce aux supporters. Beaucoup de pilotes sont trop éloignés des supporters et vivent leur vie sur un nuage avec le luxe, les avions, les yachts, les fêtes, les maisons ici et là."
Pourtant, Sebastian Vettel, triple champion du monde en titre, ne semble pas posséder de bateaux ou de tonnes de maisons et n’est jamais vu en plein excès, à faire la fête sans arrêt. Gerhard Berger reconnaît que Vettel "est l’exception. Il se concentre sur l’essentiel : son travail à l’usine et le pilotage. C’est pour ça qu’il a tant de succès."
Et avec trois titres mondiaux à 26 ans et un quatrième sur la bonne voie, on pense forcément que les records de Schumacher ne sont plus très loin et que le pilote Red Bull a encore plein de temps pour les atteindre et les battre. Berger est également de cet avis. "Oui, je lui fais confiance pour ça, surtout dans cette constellation avec Red Bull et le génie Newey. Vettel obtiendra cette année son quatrième titre et peut clairement battre les records de Schumacher."
Néanmoins, si Berger était aujourd’hui directeur d’écurie, il ne prendrait pas Vettel comme pilote, mais voudrait un duo composé d’"Alonso et Räikkönen."