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Pourquoi les motoristes rechignent-ils à baisser leurs prix ?

Et ergotent pour quelques millions

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Alors que les budgets de Formule 1 avoisinent les centaines de millions d’euros par an pour les plus grosses équipes et que les constructeurs motoristes bénéficient de l’exposition offerte par la discipline, il apparaît quelque peu étrange qu’ils puissent renâcler à lâcher du lest sur leurs tarifs pour les petites écuries.

« Effectivement, il peut sembler que ce ne soit qu’une histoire de quelques millions en fin de compte, déclare Cyril Abiteboul de Renault, mais il y a d’autres éléments à prendre en considération. Les constructeurs ont leurs propres défis à relever et doivent investir dans leur domaine principal, la technologie des voitures de route, et il y a un certain nombre de risques associés. Le scandale des moteurs diesel par exemple, ou encore les devises, les marchés et le manque de confiance de certains clients, et nous devons donc être extrêmement prudents. »

« Grosso modo, il nous faut démontrer qu’investir en Formule 1, ou plutôt dépenser, parce que ce n’est finalement pas un investissement, est plus rentable que miser sur des publicités ordinaires. Un constructeur majeur comme Renault, pour qui la Formule 1 a toujours fait partie de l’ADN sans pour autant être un indispensable, doit suivre un certain nombre d’indicateurs de performance pour s’assurer que la F1 constitue un terrain marketing avantageux. Il nous faut donc faire extrêmement attention à tout ce qui, je dirais, pourrait menacer ou déstabiliser notre rentabilité en Formule 1. Nous sommes conscients qu’il est nécessaire que la discipline se porte bien, mais ne pas répercuter les coûts des moteurs sur les équipes indépendantes met en danger cette rentabilité. »

Toto Wolff, directeur de Mercedes en F1, fait état des mêmes contraintes.

« Toute l’industrie, et particulièrement l’automobile, fait la course à l’efficacité et doit constamment recalculer ses marges ou chasser les dépenses superflues en Formule 1. Bien que cette dernière soit inscrite dans les gènes de Mercedes, il faut proposer les choses à leur juste prix et c’est pour ça qu’on ne peut pas appliquer un raisonnement trop simpliste et affirmer qu’il importe peu de dépenser un peu plus ou un peu moins. »

« C’est au contraire important, parce que certaines personnes vont se pencher sur les chiffres et décider si les dépenses sont sensées ou non. Et c’est pour ça que nous sommes conscients, en dépit de notre maison-mère qui pousse derrière nous, que les choses doivent être proposées à leur juste valeur. Nous faisons attention parce que si nous disputons une mauvaise course avec des chiffres d’audience médiocres pour nos partenaires, c’est pris en compte au plus haut niveau. »

Et Maurizio Arrivabene, le directeur de Ferrari, va dans le sens de ses collègues.

« Ferrari a un nom qui la place au sommet des entreprises mondiales. Mais ça ne signifie pas que le budget est de classe mondiale lui aussi. Nous devons être prudents, car M. Marchionne ne plaisante pas avec le respect du budget qui nous est assigné et nous ne sommes pas du genre à jeter l’argent par les fenêtres. Ne mélangez pas le nom, aussi grand soit-il, avec le budget. C’est une autre histoire. »

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