Alain Prost, consultant de Renault F1 et quadruple champion du monde, explique que la bonne piste à suivre pour la Formule 1 de 2021, dont les contours clairs n’ont toujours pas été définis, sera celle de la simplification du sport.
Dans les colonnes du journal Ouest France, le Français évoque d’abord le problème des moteurs hybrides, qui sont utilisés depuis 2014.
"La réglementation moteur, c’est la partie la plus compliquée. Avec les nouvelles technologies, c’est très difficile de revenir en arrière. A priori, en 2021, on partira sur la même base moteur, peut-être avec une formule un peu plus simple, ce qui n’est pas dit. Chaque changement que l’on peut faire sur le moteur entraîne des coûts importants. En tout cas ce sera plus puissant, avec plus d’essence disponible, pour plus de performances."
"Sur le plan technique, il faudrait des choses plus simples, qui permettent de redonner de l’importance à l’ingéniosité, la surprise, aux pilotes, plutôt que ces machines de guerre que l’on voit aujourd’hui, où 80 % de la performance c’est l’aéro et le moteur. J’aimerais retrouver un équilibre plus sympa."
Prost précise qu’il milite "pour beaucoup moins d’aérodynamique autour des voitures, mais vous ne pouvez pas toucher qu’à un seul paramètre. C’est là où c’est compliqué."
"Quand on regarde la taille des voitures, c’est d’une complexité incroyable. Dès que c’est compliqué, c’est sensible. Quand les gars roulent ensemble, et bien ça ne peut pas suivre. À titre personnel, je supprimerais la soufflerie, et je n’irai que sur du calcul."
La Formule 1 pourrait s’inspirer du passé selon lui.
"À mon époque, on a eu des concepts sans ailerons avant, avec des gros effets de sol, et on se suivait sans problème. Les concepts, de toute façon, on les trouve. C’est la philosophie de base qu’il faut trouver. Avec des voitures beaucoup plus simples, en aéro."
Et il faudrait aussi que les règlements permettent à nouveau de la diversité.
"Nous, sur une année, on a connu, le moteur turbo, des V8, V10 et des 12 cylindres… Et une année, on avait Michelin, Goodyear et Pirelli pour les pneus. On ne peut pas revenir au passé, c’est très compliqué d’avoir des technologies différentes. Quand je pilotais, avec le turbo, on avait peut-être 100 chevaux de plus, mais on devait embarquer plus d’essence. Dès fois on était bien, dès fois beaucoup moins. C’est l’équilibre de la technologie qui faisait la différence."
Le constat est de toute manière claire pour la Formule 1 actuelle : "je pense qu’on est allé trop loin oui."
"On va toujours trop loin, et on s’en aperçoit toujours trop tard. L’électronique, c’est quand même le facteur le plus important aujourd’hui. Dans une certaine manière, c’est passionnant. On s’aperçoit que l’être humain a des ressources sans limites."
"Le problème, c’est qu’un sport-spectacle doit être évident à comprendre. Un mec qui marque un but, il marque un but, tout le monde comprend. À mon époque, boum, un moteur explosait, le spectateur comprenait ce qu’il se passe. Aujourd’hui, ce n’est pas transparent."