Alain Prost a évoqué l’évolution du métier de pilote de Grand Prix.
Lorsqu’on demande au quadruple champion du monde, interrogé par l’AFP, ce que lui a inspiré la victoire de Max Verstappen en Espagne, avec le recul, il répond : "ce n’est plus tout à fait pareil. Ces voitures sont beaucoup plus faciles à piloter, on est moins fatigués, l’ergonomie est parfaite."
Il fait alors le parallèle avec ce qu’il a vécu au début de sa carrière en Formule 1.
"Quand je pilote ma F1 de 1983, je ne me souviens même plus comment j’ai pu le faire à Monaco. Quand on arrêtait un mois, l’hiver, et qu’on reprenait par des essais à Estoril, on n’était vraiment opérationnels qu’au bout de trois jours. Parfois on faisait trois tours et on devait s’arrêter. Si on faisait 30 tours par jour, c’était le maximum. Aucun jeune pilote n’a jamais pu arriver comme ça, à cause de ces contraintes physiques."
"On est entrés dans une ère différente, comme avec les téléphones portables, et ce n’est pas la faute des pilotes. C’est celle de la technologie, des règlements, et la performance reste diabolique, mais le métier a changé," ajoute-t-il.
"Verstappen a conduit dès l’âge de quatre ans, en karting, et ce n’était pas anodin. En championnat d’Europe ou du monde, le niveau était élevé, donc ça lui a donné une grande expérience. Aujourd’hui, on demande des choses différentes aux pilotes, à cause de toutes les acquisitions de données."
"On nous demandait de gérer la consommation, les freins, la boîte de vitesses, je disais tout à mon ingénieur mais il n’a jamais réglé la voiture à ma place. Alors qu’aujourd’hui tout est fait par les ’mecs de derrière’ (les ingénieurs). Donc un pilote plus porté sur l’analyse, la technique, n’a pas forcément une valeur ajoutée aussi importante qu’à notre époque, par rapport à un gars très rapide, qui a le sens de l’attaque."