Liberty Media prépare déjà les règles de la F1 pour l’après-2020. Les propriétaires de la discipline entendent introduire des V6 turbo moins complexes et donc moins coûteux, mais aussi mettre en place des budgets plafonnés pour réduire les différences de performance entre les écuries.
Comme écurie appartenant à un grand constructeur et comme motoriste, Renault est particulièrement concernée par ces propositions. Cyril Abiteboul avait d’ailleurs réservé un accueil très froid aux premières propositions de Liberty Media.
Alain Prost a-t-il une opinion divergente sur le sujet ? Le Français se montre en réalité lui aussi très sceptique sur les budgets capés…
« C’est bien si les moteurs sont moins compliqués et moins chers. Je connais des gens [Christian Horner] qui aimeraient revenir aux V8 et aux moteurs atmosphériques. Pour un motoriste, c’est impossible de le justifier. Il faut trouver le bon compromis. »
« Un budget plafonné ? Je ne vois pas comment ça pourrait marcher. Quand j’avais ma propre écurie, j’aurais aimé avoir un budget plafonné. J’avais 250 employés. Chez McLaren, c’était 550. Le problème, c’était qu’en France, un employé coûtait plus cher qu’en Angleterre. »
« D’abord, vous devriez prendre les pays un par un. Ensuite, l’autre problème, c’est qu’il faudra licencier des employés quand il faudra réduire les effectifs. »
« J’aime la technologie de la F1, sauf l’aérodynamique, qui est devenue trop extrême. Nous dépensons aujourd’hui une fortune dans ce département et finalement, l’aérodynamique décide d’une victoire ou d’une défaite. Si vous décidiez de libérer totalement l’aérodynamique comme en Formule E, alors, tout l’argent serait dépensé dans ce département, parce que l’aérodynamique est plus efficace que le travail sur les batteries moteur pour gagner du temps sur un tour. »
« Si nous voulons économiser de l’argent en F1, nous devrions bannir les souffleries. Cela simplifierait l’aérodynamique. Je suis ouvert à des budgets plafonnés, mais je suis franchement pessimiste sur leur efficacité. Si ça ne fonctionne pas, ce sera pire que par le passé. La clef, c’est de donner aux petites équipes une chance de n’être pas trop loin des meneurs. Au moins de temps à autre. »
Bannir les souffleries est une proposition radicale. Alain Prost ea-t-il d’autres idées à soumettre à Liberty Media ?
« La seule manière de rapprocher les performances, c’est de changer les règles techniques et sportives, de permettre plus de liberté sur des choses qui coûtent peu d’argent. Une liberté limitée coûte cher, comme dans le domaine aérodynamique. Nous devons changer totalement les règles, autrement, ce sera impossible pour les nouvelles équipes de rentrer en F1. Les équipes établies ont maintenant accumulé tant de connaissances… Aucune nouvelle équipe ne pourrait entrer en F1 et devenir compétitive par conséquent. »
« J’ai les idées claires. Malheureusement, personne ne veut m’écouter parce que tout le monde protège ses propres intérêts » finit par regretter le Français.