A l’occasion du Grand Prix d’Italie, Jean Alesi a rencontré le champion du monde, le pilote Mercedes Lewis Hamilton, pour un entretien exclusif CANAL+ , qui a été diffusé en intégralité et en clair ce dimanche dans l’émission FORMULA ONE, LE MAGAZINE DE LA F1.
Jean ALESI : Ayrton Senna est l’un de tes héros. Tu as déjà battu quelques-uns de ses records. Qu’est-ce que cela te fait ?
Lewis HAMILTON : C’est fou de se dire que j’ai déjà autant de podiums que lui par exemple. Mais ce n’est pas juste, s’il avait pu finir sa carrière, il serait très loin devant. J’essaie de travailler le plus possible pour laisser la même trace que lui.
Jean ALESI : Quand tu as quitté McLaren, la presse titrait : "Hamilton quitte son nid". A l’époque, personne n’a compris pourquoi tu partais pour Mercedes.
Lewis HAMILTON : C’était l’une des périodes les plus dures de ma carrière. J’avais mal au crâne toute la journée. "Est-ce que je dois partir ? Est-ce que je dois rester ?" J’ai préféré ne pas avoir une voiture capable de gagner en 2013 et plutôt faire un pari sur le long terme. J’ai prié pour que cela se passe comme ça. Mais qui aurait prédit que ça se passe aussi bien ?
Jean ALESI : As-tu vu le film Rush ?
Lewis HAMILTON : Oui, bien sûr. Niki Lauda y a grandement participé, il nous avait fait une projection privée au Nürburgring, il y a un an ou deux.
Jean ALESI : Tu as l’impression d’être le James Hunt moderne ?
Lewis HAMILTON : Dans le film, James Hunt se réveille avec deux filles, c’était le meilleur truc ! (rires) Mais, quand je marche dans le paddock, je me sens unique.
Jean ALESI : Tu viens d’un milieu modeste. Tout ce que tu as obtenu, depuis les débuts avec ton père, c’est à force de travail. A quel point l’argent a changé ta vie ?
Lewis HAMILTON : Quand on n’a pas d’argent et que d’un seul coup on en a, au début c’est un choc. Mes quatre premières années particulièrement. Je ne savais pas quoi en faire alors j’ai tout économisé. Je n’en profitais pas vraiment. Mais ce qui rend la vie vraiment belle, c’est la famille, les amis. Avec mon meilleur ami, on se connaît depuis vingt ans. Je le connais depuis le premier jour du lycée. J’avais raté le bus et il m’a emmené. Je suis monté sur le guidon de son vélo et il m’a ramené à la maison. On est devenu meilleurs amis ce jour-là.
Jean ALESI : Quand je te vois dans le paddock, je vois quelqu’un d’assez solitaire. As-tu des amis dans le paddock ?
Lewis HAMILTON : Je m’entends bien avec les autres pilotes mais je reste assez réservé. Je suis là pour une seule raison : gagner. C’est impossible d’être très amis. Donc je n’essaie même pas. Mais, par exemple, en Hongrie j’ai touché Daniel Ricciardo. Je lui ai envoyé un SMS pour m’excuser, lui dire que c’était de ma faute. Comme un ami, il m’a dit qu’il n’y avait aucun souci. Donc on a quelques amis quand même. Mais les vrais amis sont ceux que l’on retrouve quand on rentre chez soi. Ceux qu’on connait depuis toujours.