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Quel futur pour l’équipe Lotus ?

Le navire prend l’eau de toutes parts

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Sur une pente ascendante depuis 2009, Lotus s’est présentée en 2013 comme une des équipes les mieux placées pour briguer victoires et titres. La victoire à Melbourne et l’enchaînement de podiums réalisé par Raikkonen et Grosjean cachait pourtant un mal important à Enstone, puisque l’équipe luttait financièrement pour boucler sa saison. La dégradation des relations avec son champion finlandais a mis à jour la réalité de ces difficultés en révélant qu’il n’avait reçu aucun salaire de la part de son employeur depuis le début de la saison.

Un paradoxe pour une équipe qui avait annoncé en début d’année la signature d’un contrat avec un sponsor majeur, le groupe Coca-Cola, et dont les moyens semblaient enfin à la hauteur de ses ambitions. Unie derrière les bonnes performances de son équipe, Lotus a perdu ses moyens dès que Raikkonen a annoncé son départ pour Ferrari. Au-delà des soucis financiers et de l’absence d’un grand nom, c’est aussi l’image de l’équipe qui a été écorchée lors des derniers mois.

La recherche de budget a donné lieu au triste feuilleton Quantum, le mystérieux groupe d’investisseurs censés racheter une partie de la structure et apporter environ 100 millions de dollars pour disputer la saison 2014. Après de longs mois de négociations et de nombreuses promesses d’annonces en ce sens, la nouvelle est tombée : aucun accord n’a été trouvé et les discussions sont arrêtées. Conséquence directe de cet échec, Lotus a engagé Pastor Maldonado, fortement soutenu par PDVSA, au lieu de Nico Hulkenberg qui était pourtant le choix prioritaire d’Eric Boullier.

Assurant qu’il saurait canaliser la fougue du Vénézuélien, Boullier a finalement démissionné de son poste, probablement convaincu par l’offre proposée par McLaren. Dès lors, où va Lotus ? Avec Gérard Lopez à sa tête, c’est sans grand meneur que l’équipe abordera cette saison pourtant cruciale, où le défaut d’un gestionnaire pourrait lui faire du tort. Car si Lopez a montré être un propriétaire impliqué aux côtés de Boullier, son expérience en tant que directeur d’équipe est pourtant nulle.

L’énergie dépensée par Eric Boullier pour mener tant bien que mal sa structure le sera-t-elle par son successeur ? Le grand travail prévu pour soutenir Romain Grosjean et tempérer Pastor Maldonado sera-t-il fait ?

Ces questions n’auront pas de réponse avant plusieurs semaines, et d’ici-là, il est possible que l’image de l’équipe ait encore été entachée dans les médias et auprès des fans. Pourtant habile en communication lorsque tout allait bien, et réputée pour ses tweets et messages osés et amusants, Lotus perd le contrôle de son destin et ne se cache pas des difficultés dans lesquelles elle est mise.

L’image des lapins postée après le départ de Raikkonen chez Ferrari, métaphore douteuse de la trahison du Finlandais, avait déjà fait jaser les observateurs en septembre, alors que des limites semblaient avoir été atteintes. Pourtant, c’est lors de la présentation de McLaren que Lotus a réellement dépassé les bornes, tout en ne se rendant pas service.

En dépit du pacte passé par les équipes pour ne pas présenter leurs nouvelles monoplaces en même temps, Lotus a décidé de saborder la présentation de la MP4-29 en annonçant peu avant le départ de Boullier et pire, en postant en même temps une photo de sa nouvelle voiture.

Les raisons de ces agissements sont évidentes : Boullier aurait accepté de démissionner de Lotus pour remplacer Martin Whitmarsh chez McLaren, et les deux équipes seraient en lutte pour le même sponsor, en l’occurrence Sony. Habituée à communiquer sur ses divers mécontentements, l’écurie d’Enstone s’est cependant fait plus de mauvaise publicité en agissant de cette manière.

Puériles, ces agissements renforcent l’image d’une écurie mauvaise joueuse et cherchant à faire parler d’elle à tout prix. Loin d’avoir un futur brillant, Lotus ne devrait-elle pas profiter de ses nombreux changements pour revoir l’ensemble de sa communication ? A l’heure de commencer une nouvelle saison, les très bons résultats de 2012 et 2013 ont fait place au fiasco Quantum et à la fuite des grands noms, et personne ne semble penser aujourd’hui que Lotus pourra rééditer l’année prochaine de telles performances, d’autant qu’elle sera la seule équipe à manquer les premiers essais privés de l’année.

Lotus va devoir commencer à s’occuper de ses propres affaires plutôt que de n’avoir comme seule défense l’attaque envers les autres équipes. Agir de la sorte n’attirera pas un nouveau directeur d’équipe ni un grand partenaire commercial, dont les noms seront directement liés à ces agissements. Désormais actionnaire majoritaire et également directeur de Lotus, Lopez aura seul la charge de cette saison et devra justifier cette intersaison agitée à Enstone. L’image de l’équipe et son implication en F1 à long terme en dépendent.

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