Liberty Media n’en a jamais fait mystère : les propriétaires américains du sport entendent rallonger le calendrier en ajoutant plusieurs épreuves dans la saison (au Vietnam, et à Miami très probablement pour commencer).
Du même coup, avec 21, 22 Grands Prix ou plus au programme, la saison pourrait être rallongée : elle commencerait une semaine plus tôt, mais surtout, ne se terminerait qu’en décembre. N’est-ce pas trop pour certaines écuries, dont des petites structures comme Force India, Haas ou Williams ?
Interrogé en conférence de presse à Montréal, Robert Fernley, le directeur adjoint de Force India, a averti Liberty Media : allonger trop le calendrier serait synonyme de hausse des coûts significative pour les écuries.
« Il faut regarder l’aspect humain dans la logistique, qui joue beaucoup dans ce cas. Avec 20 courses, nous sommes déjà proches de la limite si nous voulons maintenir une seule équipe [voyageant sur les Grand Prix]. Donc une fois que vous passez cette limite des 20, peut-être que de temps en temps, nous pourrions avoir 21 courses et ensuite redescendre à 19, nous pourrons gérer cela. Mais une fois que vous passez à un nombre significatif de courses, qui monte au-delà de 21, il faut mettre en place une rotation dans nos équipes, et cela coûte beaucoup d’argent. Donc il faut se pencher sur ce sujet pour voir comment nous pourrions y arriver sur le plan logistique. Car sur le plan opérationnel, cela aura un grand impact pour l’équipe. »
Günther Steiner, du côté de Haas, met un deuxième facteur dans la balance : la lassitude potentielle du public dans le cas où les courses auraient lieu à intervalles trop rapprochés.
« Sur le plan financier, cela fait sens d’avoir plus de courses et si nous pouvons y arriver en engageant plus de personnel et en mettant en place une rotation dans les équipes, ce serait possible. Mais il y a un deuxième facteur à prendre en compte, la saturation du public. A quelle fréquence le public veut-il voir de la F1 ? S’il y a un Grand Prix chaque week-end, est-ce que nous ne sommes pas sur une spirale négative pour le sport ? Liberty Media le sait selon moi. Donc je ne pense pas qu’il y ait un grand plan pour passer à 25 ou 24 courses. Ce sera toujours compris entre 20 et 22. »
« Et commencer plus tôt et finir plus tard nous donne peut-être un peu plus de liberté pour ne pas avoir des courses d’une semaine à l’autre, comme ce sera le cas pour nous ces prochaines semaines [3 courses en 3 semaines]. Liberty Media est très conscient de tout cela selon moi, ils savent qu’il y a une saturation potentielle du public, ils savent ce que les clients veulent en réalité, donc je ne pense pas qu’ils iront trop loin sur ce plan. »
Claire Williams, elle-aussi directrice d’une écurie aux moyens financiers limités, ne peut qu’être d’accord avec ses deux homologues.
« Du point de vue humain, c’est rude pour nos gars, qui doivent passer tant de temps loin de leur foyer. Oui, peut-être que si nous commençons plus tôt et finissons plus tard, cela nous permettra d’avoir plus de pauses, mais en fait, cela nous enlève du temps pour développer nos voitures pendant l’hiver. Et nos gars peuvent aussi passer moins de temps chez eux, avec leurs familles, pendant l’hiver. »
« D’un point de vue purement sportif, concernant les fans, si les marchés actuels sont saturés, alors, ce serait formidable d’avoir plus de courses pour explorer d’autres marchés, particulièrement en Amérique. Ce serait crucial pour notre sport, mais si nous le faisons, alors, il y a une logique sur le plan financier, parce que ces nouvelles courses au calendrier devront payer pour y être. Je ne vois pas pourquoi des équipes devraient accepter de se rendre sur de nouvelles courses, sans aucune contrepartie. Je ne pense pas que le prize-money diminuera tandis que les coûts augmenteront, ce ne devrait pas être le cas. »