Cyril Abiteboul, le directeur général de Renault F1, est revenu dans les colonnes du quotidien sportif l’Equipe sur les critiques portées par son partenaire, Red Bull, sur son moteur.
Si Renault F1 reconnait ses torts, le motoriste français estime ne pas être le seul fautif dans le manque de performance actuel face à l’ensemble proposé par Mercedes.
"La performance est liée à plusieurs facteurs : le châssis, le pilote et le moteur. Cet ensemble a rétrogradé par rapport à Mercedes. Les chronos le montrent. J’ai pourtant la conviction que notre moteur a progressé," dit-il.
"Mais nous avons un problème de mise au point qui nous empêche d’exploiter la performance qui est dedans. Nous avons été agressifs cet hiver. Nous avons réalisé des développements de dernière minute qui ont court-circuité les processus habituels de validation, notamment au banc d’essai. Et ces derniers ajouts ont posé problème à Melbourne. C’est vers eux que nos regards vont se tourner dès qu’on sera de retour à l’usine pour revenir plus forts à Sepang."
Abiteboul admet que le V6 Renault manque de souplesse. "Elle viendra lorsque nous aurons réussi à corriger les erreurs. Les moteurs turbo sont délicats à mettre au point, surtout lorsqu’on leur ajoute tous ces périphériques électriques. Cette technologie est très sensible, et une petite modification peut provoquer d’immenses bouleversements. Nos changements de dernière minute ont eu un impact phénoménal sur la souplesse, cette "driveability" dont parlent les pilotes."
Renault a-t-elle été trop agressive ? Abiteboul en convient mais admet ne pas avoir eu le choix.
"Nous avons été agressifs, car Red Bull nous entraîne dans une course effrénée au développement. Nous devons nous poser des questions sur la manière dont nous avons procédé avec eux, en oubliant nos méthodes traditionnelles. Cela fait trente-sept ans que nous fabriquons des moteurs de F1. Nous savons faire. Nous avons gagné ensemble et aujourd’hui nous sommes mal ensemble. Il faut aller de l’avant. Jusqu’à maintenant, nous les avons beaucoup suivis, beaucoup écoutés. Peut-être aujourd’hui se rendent-ils compte qu’il y a des univers différents entre châssis et moteur et que chacun doit faire son travail."
Abiteboul compte sur les jetons de développement pour corriger certaines pièces, tout autant que l’optimisation des logiciels et des cartographies pour améliorer la situation. Mais la saison est-elle pour autant foutue comme le dit Horner ?
Lorsque l’Equipe lui pose la question, le Français répond : "L’an dernier, si je vous avais dit à Melbourne qu’on gagnerait trois courses, vous auriez rigolé. Mais elles ont existé. Aurons-nous des victoires au mérite ? La réponse est non. Mais la performance peut revenir aussi vite qu’elle nous a quittés. Mais se bagarrer d’égal à égal avec Mercedes, ce n’est pas pour tout de suite."