En préambule du GP du Japon, nous avons discuté avec l’ingénieur d’exploitation de Romain Grosjean, Ayao Komatsu. Un entretien de cinq minutes au cours duquel l’homme de l’ombre nous révèle ses réflexions et celles de son pilote sur leur endroit favori, Suzuka.
Parlez-nous de Suzuka tel que vous le voyez…
Du point de vue de l’ingénieur, je le qualifierai de challenge. Tous les virages sont différents et certainement pas faciles. Principalement, il s’agit de courbes à moyenne ou haute vitesse qui réclament une bonne stabilité de la voiture. En ce sens, il est très similaire à Spa pour les réglages. Il faut tenir compte des niveaux d’appui, trouver un bon compromis entre la stabilité en entrée de virage et l’équilibre au milieu et aussi définir un bon réglage pour le week-end afin que le pilote se sente le plus en confiance possible. Faite fonctionner les pneus dans leur fenêtre d’exploitation sera primordial, mais c’est mon job d’ingénieur d’exploitation de m’adapter. Cela présage d’une course intéressante. Je suis vraiment impatient d’y être !
Les fans japonais sont particulièrement passionnés…
Oui, ils adorent ce sport ! Vous les verrez regarder la rediffusion de la course à 8 heures le soir, dans la tribune principale… Et ce sera la quatrième fois qu’ils voient la course… Ils sont incroyables.
Vous êtes l’interface entre Romain et l’équipe. Quelles sont vos relations avec lui et comment est-il vraiment ?
Il très facile de travailler avec lui. Il est très honnête et c’est important parce que je pense que nous, ingénieurs, nous sommes honnêtes aussi. Lorsqu’il commet une erreur, il l’admet au lieu de la reporter sur la voiture. Alors nous savons que lorsqu’il dit que quelque chose ne va pas, c’est la vérité et nous devons nous pencher dessus. Son feedback est clair et de qualité et cela nous aide à nous focaliser sur les zones qui nécessitent une intervention. En piste, il est très rapide et c’est tout bon, bien sûr. Mais lorsque nous lui montrons les datas et que nous lui suggérons des endroits où il pourrait gagner du temps, il est très ouvert et il écoute. Ce qui est, à mon sens, une preuve de maturité. Il peut aussi s’adapter très rapidement aux modifications que nous apportons et donc, pour conclure, je suis très heureux de travailler avec lui.
A quoi cela ressemble-t-il d’être ingénieur d’exploitation ? Il semble que vous subissiez beaucoup de pression…
Oui, c’est exact, la pression est souvent très intense. Mais honnêtement, elle fait partie du travail. Il faut toujours apprécier son travail, et cela en fait partie. Et j’aime ce que je fais. Aussi, je suis très reconnaissant envers l’équipe de l’opportunité qu’elle m’a offerte.
Parlez-nous de vos meilleurs moments cette année…
C’est délicat ! J’ai vraiment apprécié le Canada où nous avons réussi une stratégie à un arrêt et avons fini sur le podium. La voiture était diablement rapide à Silverstone aussi. Même si nous avons eu un pépin au premier tour qui a obligé Romain à repasser au stand, il a remonté le peloton en étant le plus rapide en piste et a terminé cinquième. Je citerai aussi Monaco. Évidemment, pas pour le résultat, mais pour la vitesse affichée par Romain. Dès les premiers tours en libres 1, il était au top et il aurait dû se trouver en première ligne. Enfin, je dirai que Romain a très bien piloté lors du GP de Singapour, compte tenu de la défaillance de sa télémétrie. Il s’est bien récupéré après un vendredi difficile. Alors je crois qu’il dispose d’un bon potentiel pour la fin de la saison.
Racontez-nous vos souvenirs du GP du Japon. Ont-ils joué un rôle dans votre carrière ?
Mes premiers souvenirs remontent à la fin des années 80. J’étais un enfant et je regardais les affrontements entre Senna et Prost. En 1989, ils se sont accrochés à la chicane et l’année suivante, ils ont recommencé au premier virage. Les deux fois, cela a été décisif pour le titre mondial et cela reste un souvenir inoubliable. Très souvent, le GP du Japon se dispute en fin de saison et beaucoup de champions ont été couronnés ici. Ce qui en fait une course spéciale. Je vous le confirme, le fait d’avoir assisté à ces courses à la fin des années 80 a grandement influé sur ma carrière en F1.
Source : www.lotusf1team.com