Après 23 ans d’absence, le Grand Prix du Mexique fera sa réapparition à la fin du mois sur l’Autodrome des Frères Rodríguez, Pedro et Ricardo de leurs prénoms, pilotes du cru morts en course. Théâtre de la première édition en 1963, le circuit a dû subir des modifications pour prétendre à un retour en Formule 1, ce qui n’a pas semblé entamer le moins du monde l’enthousiasme des fans du Mexique et d’ailleurs.
« Nous nous attendions à ce que tous les billets se vendent, mais pas aussi vite, avoue le directeur marketing du Grand Prix du Mexique, Rodrigo Sanchez. Nous surveillions les chiffres sur la page de vente des tickets, où nous pouvions voir combien étaient partis, et ça ressemblait à une machine à sous à Las Vegas : les chiffres montaient, montaient, montaient sans s’arrêter. »
En cette période d’incertitude pour les grands classiques européens et où les circuits semblent pousser tous seuls pour conquérir de nouveaux marchés, le retour du circuit mexicain fait figure de contre-exemple avec son emplacement et sa valeur historique.
« Ce tracé est tellement emblématique qu’il était impossible de ne pas y revenir, reprend Sanchez. Chaque série internationale a roulé au Mexique, et au bon endroit : ici à Mexico. C’est énorme. Ça l’a toujours été depuis les années 80. La dernière fois que la F1 est venue ici, les gens étaient fous. Ce sont de fins connaisseurs de la discipline et ils parlent toujours de Prost, Senna ou Mansell (dont un virage portera le nom), toutes ces légendes du sport. Accueillir une manche du championnat de F1, c’est la cerise sur le gâteau. »
L’aménagement du nouveau tracé ne s’est cependant pas fait sans sacrifice. Si la majorité des améliorations a consisté en un re-surfaçage, une extension des zones de dégagement et un changement de profil sur quelques virages pour encourager les dépassements, la célèbre courbe Peraltada a dû être grandement modifiée. De par sa configuration, cet ancien virage rapide à 180° ne permettait en effet plus de se conformer aux normes de sécurité modernes puisqu’il était impossible de lui adjoindre un dégagement goudronné.
« Ça a probablement été la chose la plus difficile. Les gens disaient ‘ne prenez même pas la peine de changer le tracé, il est déjà fantastique’. Peraltada est un virage formidable, mais il n’y avait absolument aucun moyen de le conserver parce qu’il y a un mur qui donne sur la rue quelques mètres derrière la piste, et un tel schéma est banni de nos jours en F1. Nous avons tout essayé, mais c’était impossible. La seule alternative, qui était de ramener la piste dans le stade de baseball, s’est cependant avérée plutôt bonne. Tous les non-Mexicains qui se sont rendus sur le circuit ont été ébahis par cette partie dans le stade. Nous comprenons l’inquiétude des gens, mais nous pensons avoir rajouté une partie emblématique au sport. »
Situé au cœur de la ville de Mexico et ses 25 millions d’habitants, le circuit devrait présenter des allures de fête.
« Nous nous sommes concentrés sur l’expérience que nous voulions offrir pour que le Grand Prix du Mexique soit en quelque sorte un festival de 3 jours, avec de la musique, du divertissement et du sport. Je pense qu’Austin a fait ça bien avec son centre ville, Montréal aussi et on devrait voir quelque chose de similaire ici. Mais Mexico… impossible de comparer sa taille aux autres, c’est gigantesque ! »