En 1996, Damon Hill a gagné sa place dans les livres d’histoire en remportant le premier Grand Prix d’Australie se déroulant à Melbourne sur le circuit d’Albert Park. Il avait également triomphé à Adélaïde l’année précédente lors de l’ultime course de la saison - faisant de lui le seul homme à remporter le même Grand Prix en deux événements consécutifs !
Hill avait connu une difficile saison 1995 avec Williams-Renault. Bien que souvent en tête, il avait fait quelques erreurs, et Michael Schumacher remporta finalement le titre pour Benetton-Renault.
L’Anglais était déterminé à rebondir en 1996. Cependant, il a eu un nouveau challenger en la personne de Jacques Villeneuve, son jeune coéquipier qui venait d’être recruté par Williams après ses succès dans le championnat Champcar. Bien que novice en F1, le jeune Canadien a pu connaître le luxe d’un gigantesque programme d’hiver avec pas moins de 9000 kms de tests effectués. Lorsque la saison commença, il était parfaitement préparé.
Le nouveau site d’Albert Park plut immédiatement à tout le monde, tant aux membres des écuries qu’au public. Mais personne ne l’a apprécié autant que les pilotes Williams, qui ont mené le peloton dès le début du week-end. Il fut bientôt évident que Hill et Villeneuve seraient chacun le principal rival de l’autre, étant donné que Schumacher - passé chez Ferrari - luttait pour se mettre au diapason, et que les pilotes McLaren et Benetton étaient incapables de suivre le rythme de la nouvelle Williams FW18.
Finalement, Villeneuve est venu coiffer Hill sur le poteau et pris la pole position pour son tout premier Grand Prix — phénomène uniquement réalisé auparavant par Mario Andretti et Carlos Reutemann. Les Ferrari de Schumacher et Eddie Irvine étaient en deuxième ligne.
Le dimanche fut 100% Williams. Après un drapeau rouge causé par un accident spectaculaire de Martin Brundle, Villeneuve tira avantage de sa pôle et conserva la tête à la reprise, avant de céder sa place à Hill pour trois tours après son arrêt au stand. Lorsque Damon s’arrêta à son tour, il ressortit en tête, mais Jacques avait des pneus plus en température, ce qui lui a permis de récupérer le leadership dans le tour suivant. Plus tard, le Canadien a survécu à un passage dans l’herbe, pour revenir en piste juste devant Damon.
Malgré cette frayeur, il semblait se diriger vers une surprenante victoire pour ses débuts. Ce qui n’avait été réalisé auparavant que par Giancarlo Baghetti en 1961. Toutefois, dans le garage Williams, la télémétrie révéla un problème sur la voiture de Villeneuve. Il est apparu plus tard qu’une durite d’huile avait été endommagée lors de son excursion hors piste, et que quelques précieux litres d’Elf s’étaient échappés - principalement sur le casque de Hill situé juste derrière ! Bien que cela ne soit pas suffisamment sérieux pour le stopper, il fut demandé à Jacques de réduire son rythme. Ainsi, avec cinq tours restant à effectuer, Hill put facilement le dépasser pour rejoindre tranquillement la ligne d’arrivée et remporter une victoire populaire.
« Jacques a prouvé aujourd’hui qu’il est un authentique compétiteur », a déclaré Hill. « C’était un vrai suspense. Je me sens sur le toit du monde en ce moment. »
Avec une large avance sur Irvine, troisième, Jacques a complètement levé le pied, roulant quasiment au ralenti dans les derniers tours car une alerte s’était allumée. Malgré la perte de tout son huile ou presque à cause de cette fuite, son V10 Renault a résisté, et il a finalement pu franchir la ligne 38 sec derrière son coéquipier. Il était frustré mais avait sécurisé six points précieux.
« Il est décevant de mener la plupart de la course et de devoir ensuite ralentir » a t-il admis. « Mais la course toute entière et la lutte avec Damon furent amusantes, ainsi qu’une bonne démonstration des capacités de la Williams. »
Ce n’était que le début d’une saison incroyable pour l’équipe Williams-Renault - celle qui verrait la bataille entre les deux pilotes continuer à chaque course jusqu’au dernier round, au Japon.