Le GP de Hongrie 1992 tient une place à part dans l’histoire de Renault en sport automobile, car l’entreprise y a gagné son premier titre de Champion du Monde grâce à Nigel Mansell.
Vingt ans plus tard, Renault peut revendiquer neuf titres pilotes.
Mansell s’en était approché de très prés auparavant lors de son premier passage chez Williams, perdant le titre en 1986 à cause de cette maudite crevaison lors du GP d’Australie, puis en 1987 en se mettant lui-même hors-jeu dans la course au titre en ayant un accident lors des essais du Japon.
Après un passage chez Ferrari il est retourné en 1991 chez Williams, devenu entretemps un partenaire Renault. Armé de la FW14, il a remporté cinq victoires en Grand Prix cette année-là, et a terminé deuxième derrière Ayrton Senna au Championnat du Monde.
Au début de la saison 1992, la dernière FW14B dominait outrageusement. Mansell a remporté les cinq premières courses et a terminé deuxième à Monaco après un arrêt aux stands tardif alors qu’il était en tête. Il a du abandonner au Canada, mais a ensuite gagné en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. A ce stade, le titre ne semblait plus qu’une formalité, la question était simplement de savoir : « quand cela se concrétiserait-il ? ».
De façon remarquable, sa chance est venue dès le GP de Hongrie en Août, avec cinq courses restant à courir. Seul son coéquipier Riccardo Patrese possédait la possibilité mathématique de retarder l’échéance.
Williams avait été fortement aidée par la toute dernière version du moteur RS4 dès le début des essais libres du vendredi. Toutefois, les choses ne sont pas allées tout à fait dans le sens de Mansell au cours du week-end. En effet, pour la deuxième fois seulement depuis le début de la saison (après une troisième position au Canada) il a été écarté de la pôle, et a dû se contenter du second temps derrière Patrese.
Mansell n’était pas connu pour prendre les choses à la légère, mais il a reconnu que le titre à portée de main, il n’avait pas besoin de gagner pour s’assurer de quitter la Hongrie en champion. Dès le départ, il a renoncé à un dépassement audacieux par l’intérieur sur Patrese. Ayant levé le pied, il se trouva alors rétrogradé à la quatrième place par les McLaren d’Ayrton Senna et de Gerhard Berger, tandis que Michael Schumacher et sa Benetton se glissaient à la cinquième place.
Patrese n’avait pas encore gagné de course en 1992, et il était déterminé à y arriver. Il s’est très vite créé un avantage conséquent sur Senna, tandis que Mansell prenait la troisième place en dépassant Berger dans le 8ème tour. Une victoire de l’Italien aurait obligé Mansell à devoir attendre au moins jusqu’à la prochaine course en Belgique pour décrocher le titre.
Toutefois, dans le tour 39, Patrese est parti en tête à queue sur de la terre projetée sur la piste par une autre voiture, et n’a pu repartir que septième. Senna s’est alors facilement installé en tête, et Mansell occupait désormais la deuxième place dont il avait besoin. Quand Patrese a abandonné au tour 55, l’anglais semblait assuré du titre.
En effet tout s’est déroulé normalement jusqu’au tour 60, quelques 17 tours avant l’arrivée, lorsque Mansell a ressenti un problème de comportement. Soupçonnant une crevaison, dans le tour suivant, il est rentré aux stands pour changer les pneus, et a chuté à la sixième place.
Maintenant Mansell devait « cravacher » s’il voulait s’assurer suffisamment de points pour régler la question. Il a été aidé en cela par les Benetton de Schumacher et de Martin Brundle qui sont entrées en collision, obligeant l’allemand à abandonner. Il s’est ensuite rapidement frayé un chemin en dépassant Mika Hakkinen, Brundle puis Berger pour récupérer la deuxième place. Il a finalement franchi la ligne à quelques 40 secondes du vainqueur Senna, réalisant enfin son rêve.
Il disposait peut-être de la meilleure voiture, mais peu de gens pourraient trouver à redire au succès de Mansell, obtenu 12 ans après ses débuts en Grand Prix suite à de nombreux échecs et autres frustrations. Ce devait être son seul Championnat du Monde, mais pour Williams et Renault, l’histoire ne faisait que commencer.