Disputé sous des trombes d’eau, le Grand Prix de Chine 2009 peut être considéré comme un tournant dans l’histoire récente de la Formule Un. Jusque là, Red Bull Racing-Renault surfait certes sur une dynamique positive, mais c’est bien à Shanghai que l’écurie signa sa première pole position ainsi que son premier succès en F1. En signant un doublé retentissant, les pilotes Red Bull – Sebastian Vettel devant Mark Webber – ont précipité la discipline dans une nouvelle ère de domination. Aujourd’hui responsable de l’équipe de liaison Renault Sport F1 chez Infiniti Red Bull Racing, Thierry Salvi se souvient de cet événement marquant. « En 2009, j’étais membre du Renault F1 Team et motoriste sur la voiture de Fernando Alonso. Lors des deux courses précédentes, l’écurie Red Bull s’était montrée dans le rythme et avait joué le podium. En Chine, ils étaient de nouveau rapides et Seb a devancé Fernando de deux dixièmes en qualifications. Il est impossible de réaliser par hasard une belle performance en qualifications, notamment sous la pluie. Nous savions qu’ils allaient également évoluer aux avant-postes durant la course.
Le dimanche, Sebastian et Mark ont largement dominé le Grand Prix, et ce alors que les conditions étaient particulièrement difficiles. Pour nous qui défendions les couleurs de Renault F1 Team, c’était à la fois dur de voir une écurie cliente nous devancer, mais également très motivant. L’esprit de compétition a toujours été de mise à Viry-Châtillon et nous voulions vraiment reprendre l’ascendant sur nos collègues !
Cela dit, en regardant les choses avec ma casquette Renault, c’était formidable de voir une autre équipe s’imposer avec nos moteurs. Nous avions travaillé tellement dur pour que le V8 retrouve son niveau de 2006, lorsque nous disposions d’un certain avantage par rapport à la concurrence. Le tracé chinois est particulièrement exigeant pour un motoriste. Vous imaginez donc notre satisfaction en constatant que nous pouvions y propulser une écurie vers le doublé. Cela démontrait également que nous avions su adapter le bloc Renault à un autre châssis et que nous l’avions intégré harmonieusement. »
« Ce Grand Prix de Chine a véritablement marqué le début de l’ère de domination Red Bull, se remémore Thierry. Nous avions commencé à leur fournir des moteurs en 2007 et en l’espace de seulement deux saisons ils sont passés du statut d’écurie de milieu de grille à celui de vainqueurs en Grand Prix. C’était un bond en avant colossal. À Viry, nous avons tout de suite senti qu’il fallait les prendre au sérieux et que leurs ambitions étaient très élevées.
J’ai pris la direction des opérations « piste » chez Red Bull en 2013 et les enjeux étaient énormes. Ils venaient de remporter trois titres de suite et voulaient continuer leur marche triomphale. Rejoindre une écurie victorieuse et l’aider à conserver son rang engendre une pression bien différente de celle que vous ressentez lorsque vous arrivez au début de l’aventure et n’avez alors rien à perdre. Je peux vous assurer que cette ambition et cette exigence de réussite sont toujours bel et bien présentes aujourd’hui. »