Rob White, Directeur Général Adjoint de Renault Sport F1 délégué à la technique, a tenu à rassurer : les nouveaux V6 turbo et leurs ERS généreront une puissance élevée, largement suffisante pour que les monoplaces soient rapides en piste. La vitesse sera clairement au rendez-vous selon lui.
À quel point les propulseurs différeront d’un motoriste à l’autre ?
Il existe sûrement une solution optimale à l’intérieur du cadre défini par le nouveau règlement sportif et technique. Et autant de chemins pour y parvenir que de motoristes. Tout du moins au début. En raison de la jeunesse de cette technologie nous allons certainement assister à des changements rapides en termes de performance au sein de chaque département moteur. Comme lors de chaque révolution technique, nous nous attendons à ce que les progrès soient très rapides. L’écart de performance entres les différents concurrents risque donc de varier beaucoup plus vite que d’habitude. Cependant, il ne faut jamais sous-estimer la compétence des écuries de Formule 1 : les progrès seront irréguliers mais immenses, et les équipes convergeront rapidement vers la solution optimale.
Les F1 iront-elles toujours aussi vite avec ce nouveau règlement technique ?
Pour faire court, oui. Au début, c’était une question assez théorique. Puis, sur bien des aspects, elle s’est peu à peu inscrite dans la réalité. Mais franchement, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Bien sûr, nous restons pour l’instant dans le virtuel, et n’avons pas encore pris part aux essais en piste. Mais nous avons soumis les Unités de Propulsion aux bancs d’essais et les résultats obtenus correspondent à nos prévisions les plus optimistes. Nous sommes certains que les nouvelles Unités de Propulsion généreront une puissance élevée, largement suffisante pour que les monoplaces soient rapides. En revanche, la façon dont les voitures produiront cette puissance différera quelque peu en raison des nouvelles règles concernant le moteur et l’aérodynamique. L’expérience au volant sera modifiée, mais rassurez-vous, la vitesse et la performance seront au rendez-vous.
Verra-t-on de l’action en piste en 2014 ?
Cette année, beaucoup de facteurs peuvent brouiller les cartes et créer des surprises. Pour la plupart des gens, cette incertitude est la bienvenue dans le sport. Certains éléments restent néanmoins incontournables : il y aura bien 22 monoplaces sur la grille, les feux s’éteindront, et le pilote qui franchira la ligne d’arrivée en premier sera déclaré vainqueur. Entre temps, il y aura des bagarres en pistes et des dépassements. Donc oui, il y aura toujours de l’action en piste en 2014. Le changement majeur par rapport à 2013 concernera la stratégie employée en course par les écuries. Il est bon de rappeler qu’il existe plusieurs moyens d’arriver à ses fins. Ceci produira différents scénarios au fur et à mesure que nous explorerons les multiples manières de gérer la puissance. Nous disposons certes d’une nouvelle boîte à outils, mais les bases demeurent très similaires. Finalement, ce sont aux pilotes de saisir les opportunités qui se présentent.
Devront-ils changer leur style de pilotage et l’adapter aux nouvelles règles ?
Les pilotes se révèlent incroyablement talentueux lorsqu’il s’agit de trouver la limite de performance globale d’une voiture de course et d’ajuster leur pilotage en conséquence. Dans le passé, les pilotes ont excellé dans ce domaine et se sont aisément adaptés au F-Duct, au KERS et autres. C’est toujours fascinant d’observer à quel point ils peuvent s’approcher des limites théoriques. Le débat n’est pas de savoir si ces garçons sont intelligents ou pas – ils le sont tous – mais plutôt de voir s’ils adapteront aussi bien que les fois précédentes.
Comment Renault Sport F1 s’est préparé à relever le défi du nouveau propulseur ?
Il est évident que nous avons dû renforcer notre organisation et rénover nos installations de Viry-Châtillon pour l’adapter au nouvel environnement de l’Unité de Propulsion. Nous avons embauché du personnel supplémentaire. Certains viennent de la maison mère pour compléter les compétences et l’expérience de l’équipe en place à Viry. Nous avons en outre reçu l’aide d’experts Renault et eu accès à l’ensemble des ressources hors-site prévues à cet effet, tels que les laboratoires d’étude des matériaux. À l’usine, nous avons mis à jour notre équipement actuel et investi dans du nouveau matériel adapté au développement de l’Unité de Propulsion, ainsi que les sous-systèmes tels que l’injection directe, le turbocompresseur et l’équipement électrique. En parallèle, nous avons créé de nouvelles installations chez Mecachrome, notamment une plate-forme d’essais où l’Unité de Propulsion sera assemblée et validée avant de prendre la piste.