A l’occasion du retour de Ross Brawn en F1, nous revenons sur son parcours unique et couronné de succès. Après des premières années difficiles en F1, l’Anglais s’est d’abord exilé en endurance pour y créer la Jaguar XJR-14, championne du monde en 1991, avant de revenir en Formule 1 chez Benetton et d’amener l’équipe au succès en 1994 et 1995. C’est un an après Michael Schumacher qu’il débarque chez Ferrari, au moment où la Scuderia commençait à voir les premiers vrais effets positifs du management de Jean Todt et les premières étincelles créées par le pilote allemand.
Il forme autour de ce dernier la ‘Dream Team’ avec Jean Todt et Rory Byrne, fantastique concepteur de monoplaces. Brawn reconnaît que le pilote a joué un rôle dans son choix de carrière et explique ce qui était unique dans son travail avec Schumacher : "Sa détermination poussait chacun d’entre nous à s’impliquer. Il nous entraînait avec lui et il était impossible de l’abandonner. Sa présence servait déjà à motiver l’équipe. Cette manière d’amener les gens derrière soi, créer cette ambiance de travail et cette positivité dans l’équipe, c’est une grande leçon apprise avec Michael. Son esprit et son humour étaient aussi là quand nous avions du temps pour nous amuser, et il s’amusait aussi, c’était un aspect plaisant".
Les retrouvailles se passent pour le mieux et Schumacher joue le titre jusqu’à Jerez en 1997 avec l’issue que l’on connaît. Brawn a pris ses marques chez Ferrari et le titre est envisagé pour 1998, un espoir refroidi dès Melbourne où les McLaren relèguent Schumacher à près d’une seconde en qualifications et prennent un tour à toute la concurrence le lendemain. Malgré l’insolente domination de l’équipe anglaise, la Ferrari montre de vrais progrès par rapport à l’année précédente comme en atteste la victoire sur le Hungaroring, où l’agile F300 et son pilote renvoient Mika Häkkinen à plus d’un tour. Brawn a travaillé sur l’affinage de la monoplace et fidèle à sa réputation, il a produit un châssis très performant.
L’année 1999 est pleine de promesses pour Ferrari qui est revenue au plus haut niveau, toujours grâce au travail conjoint de Brawn et Byrne, qui ont appris à unir leurs forces et leurs connaissances et produisent des voitures chaque année plus performantes. La politique d’engager clairement un pilote numéro un et un équipier dévoué a ses limites et l’accident de Michael Schumacher, lors duquel il se brise la jambe, le rappelle : Eddie Irvine se retrouve malgré lui en lice pour le titre et échoue en dépit de l’aide apportée d’abord par Mika Salo puis par Michael Schumacher, dominateur dès son retour de blessure. Le succès revient dans les rangs de la Scuderia avec le titre constructeurs, qui représente également le premier succès de Brawn depuis 1995.
Le titre pilotes ne tarde pas à suivre puisque Michael Schumacher est couronné pour la troisième fois en 2000. La ‘Dream Team’ a mis fin à plus de 20 années de disette de Ferrari et ça ne fait que commencer. La philosophie de la monoplace de 2001 est radicalement différente avec le retour à un museau bas mais Ferrari bat le record de précocité d’obtention du titre constructeurs. La maîtrise est totale et l’avance prise par la Scuderia est telle que l’équipe peut largement anticiper le développement de sa monoplace suivante. C’est comme ça qu’elle fait encore mieux en 2002 : Schumacher remporte le titre peu après la mi-saison et Ferrari marque autant de points que toutes les autres équipes réunies.
L’année 2003 sera un peu plus difficile mais 2004 s’avère du même acabit et Ross Brawn continue de maîtriser parfaitement les situations et les stratégies qui en dépendent. Son adaptation et sa confiance en son pilote fétiche atteignent leur paroxysme à Magny-Cours cette saison là. Alors qu’il a gagné huit des neuf premières courses de la saison, Schumacher voit Alonso s’envoler en tête et comme il est sur la même stratégie que l’Espagnol, n’arrive pas à le dépasser. Brawn et Baldisserri proposent une idée folle à Schumacher : faire un quatrième arrêt aux stands en n’alignant que des tours rapides. Le pilote accepte, sachant qu’il n’a pas d’autre choix pour remporter le Grand Prix, et file vers la victoire après un avant-dernier relais époustouflant. En plus d’écœurer Renault et Alonso, lui et Brawn rentrent dans l’histoire en signant la seule victoire avec autant d’arrêts aux stands dans des conditions normales.
Ce grand moment se déroule durant la dernière saison de domination de Ferrari puisque 2005 et 2006 voient Renault et Alonso prendre le dessus sur la concurrence. Schumacher et son équipe vivent une saison 2005 très difficile avec une voiture ratée mais se battent de nouveau pour le titre en 2006. A la fin de la saison, Schumacher et Todt se retirent, Byrne prend du recul et Brawn décide de prendre une année sabbatique. Ferrari et ses 4 fantastiques ferment un chapitre incroyable de la F1 dont Brawn a été l’artisan à la fois à l’usine et sur le muret des stands.
A suivre...