Nous apprenions le 25 janvier que Force India et Sauber avaient retiré une plainte commune auprès de la Commission Européenne, pour dénoncer les ententes anticoncurrentielles qui, selon ces écuries, présideraient à la redistribution des revenus en F1.
En effet certaines équipes (Ferrari notamment) sont avantagées par rapport à d’autres (Force India, Sauber, Haas…), selon un mode de redistribution qui manque tant de transparence que d’équité.
Rappelons que l’article 101 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne dispose que « sont incompatibles avec le marché intérieur et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées (…) qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du marché intérieur. »
Sauber et Force India ont invoqué le changement de direction à la tête de la F1, avec l’arrivée de Liberty Media, pour expliquer leur décision apparemment surprenante. Les propriétaires américains entendent, il est vrai, revoir la redistribution des revenus en F1, mais ce chantier s’annonce coriace, notamment en raison de la ferme opposition de Ferrari.
La menace de la Commission Européenne planait donc sur la Scuderia… jusqu’à cette bienheureuse rétractation.
Or depuis la fin de l’année dernière, Sauber a signé un partenariat important avec Fiat-Chrysler, groupe auquel appartient Ferrari (accord estimé à 25 millions d’euros). Sauber se nomme désormais Alfa Romeo Sauber F1 Team et le partenariat technique et moteur avec Ferrari a été resserré, au point que l’écurie suisse soit parfois appelée « l’écurie B » de la Scuderia. Un jeune protégé des Rouges, Charles Leclerc, a également été titularisé à la place de Pascal Wehrlein.
Le retrait de plainte de Sauber affaiblit certainement les ambitions de Liberty Media. Les Américains veulent mener une bataille contre Ferrari pour revoir la distribution des revenus en F1, mais sans la plainte de Sauber et de Force India, la tâche s’annonce désormais plus ardue.
En d’autres termes, l’accord Sauber - Alfa Romeo n’avantage pas qu’une écurie suisse qui avait besoin grandement de fonds : c’est également Ferrari qui voit ses privilèges historiques renforcés, en s’attirant le soutien d’une écurie privée, confortant le statu quo réglementaire.
Liberty Media va-t-elle mener l’enquête sur cette « étrange coïncidence » ? Force India et Sauber ont-ils été vraiment convaincus par la transparence et la volonté de changement des nouveaux propriétaires ? Les prochains discours de Frédéric Vasseur, le patron français de Sauber, au sujet des futurs Accords Concorde, nous renseigneront un peu plus sur le nouveau rapport de forces dans la discipline.