Après deux circuits rapides où la vitesse de pointe était cruciale et la majorité du tour se déroulait à pleine charge, le Championnat du Monde FIA de Formule Un réduit le tempo aux rues de Marina Bay lors du Grand Prix de Singapour. Avec une vitesse moyenne de seulement 168 km/h, les cartographies moteur sont conçues pour donner au pilote beaucoup d’appui et de motricité en entrant et en sortant des virages. Car Singapour réclame de fort appuis, l’utilisation des gaz d’échappements sera très important pour maintenir un appui constant pendant un tour.
Données chiffrées du Grand Prix de Singapour
Le circuit Marina Bay de Singapour a 23 virages, seulement Valence en a plus au calendrier. Parmi ces 23 virages, 10 se prennent sur le deuxième voire le premier rapport, 7 sur le troisième et un seul sur le quatrième, ce qui signifie que le moteur tourne le plus souvent entre 8.000 et 13.000 tr/mn. Les courbes 3, 8, 13 et 14 sont particulièrement symboliques de ces bas régimes. Par conséquent, l’accent est mis sur la création de cartographies qui permettent au moteur d’être très souple en entrée comme en sortie de courbe.
Utiliser les bons rapports de boite est également essentiel à Singapour, et tout particulièrement le second, qui est utilisé pour près de la moitié des virages de cette piste. Un maximum de 30 rapports est présélectionné avant le début de la saison et les écuries choisissent les meilleurs rapports de cette sélection.
Il n’y a que deux réelles longues lignes droites à Singapour, celle des stands puis celle entre les virages 5 et 7 et le septième rapport ne sera utilisé que trois fois par tour. Cela signifie que le moteur n’aura que peu de temps pour « refroidir ».
Les températures sont généralement plus basses la nuit que pendant la journée (entre 5 et 6 °C de moins), mais l’humidité relative varie très peu et peut être supérieure à 90%, même sans pluie. Renault Sport F1 peut recréer ces conditions climatiques sur un de ses bancs dynamiques à Viry-Châtillon, y compris celles d’une course avec une humidité relative de 100% et une chaleur de 40 °C. Il est donc possible de simuler précisément ce que le moteur va endurer sur la piste.
A Singapour, 46% seulement du tour de piste se passe à pleine charge. L’année dernière, la plus grande vitesse enregistrée ne s’élevait qu’à 295 km/h, entre les virages 5 et 7, mais cette année le DRS devrait permettre d’atteindre 305 km/h. La vitesse moyenne n’est cependant que de 168 km/h, par opposition aux 250 km/h de Monza. Par ailleurs, il y a 82 changements de vitesse par tour, au lieu de 52 seulement à Monaco et 44 à Monza.
Avec autant de virages, une faible vitesse et des appuis importants, la consommation de carburant au kilomètre est une des plus élevées de l’année. Trouver le juste équilibre d’une charge de carburant suffisante pour finir la course (en tenant compte du risque accru de l’intervention des voitures de sécurité et des aléas climatiques), sans pour autant tomber en panne sèche avant la fin de la course représente un énorme défi. Renault Sport F1 va donc travailler sur ses calculs jusqu’à l’ouverture de la voie des stands.
L’avis des pilotes :
Vitaly Petrov, Lotus Renault GP : "Singapour est une piste totalement différente des deux dernières. La vitesse de pointe n’est pas si importante ici, il s’agit plus de trouver les bons réglages et d’obtenir une bonne maniabilité en entrée et en sortie de virage.
Le moteur doit être réactif tout en étant souple dans les virages lents car il y en a beaucoup, 23 au total. Il faut donc se sentir à l’aise dans la voiture et être capable d’accélérer fort pour réaliser un bon chrono. Pour obtenir cet objectif du meilleur équilibre possible, la relation entre les ingénieurs châssis et moteur doit être particulièrement bonne."
L’avis des ingénieurs :
Rémi Taffin, directeur des activités piste de Renault Sport F1 donne son point de vue sur Singapour :
Pour la première des courses hors Europe qui terminent la saison, nous sommes de retour sur un circuit en ville situé à l’autre extrémité du spectre de puissance comparé à Spa et Monza. Le circuit Marina Bay de Singapour a une vitesse moyenne faible en raison du nombre important de virages. Le but sera donc de fournir de la maniabilité aux pilotes dans les bas régimes et de bonnes reprises pour les courtes liaisons entre chaque virage à angle droit.
Les cartographies moteur devront faciliter une bonne motricité, c’est donc une course pour laquelle nous travaillerons très étroitement avec les ingénieurs châssis afin d’obtenir un comportement neutre. Avec autant de virages lents, une utilisation efficace des gaz d’échappement peut procurer des avantages significatifs. Le flux régulier de ces gaz contribue aux importants appuis aérodynamiques mis en place et procure donc plus de stabilité au freinage.
Pour chacun de nos partenaires, il s’agit d’une course qui revêt une importance particulière ; pour Red Bull Racing, Sebastian pourrait mathématiquement conserver son titre ici. Team Lotus, pour sa part, présentera un nouveau package aérodynamique avec des modifications apportées à son fond plat. Nous aurons donc beaucoup à faire pour que la puissance du moteur corresponde à leurs exigences. Lotus Renault GP a réalisé de belles performances lors des dernières courses qu’ils doivent confirmer. Nous sommes autant motivés à offrir le même service pour chacun de nos partenaires, et plus encore à ce stade de la saison. Nous avons confiance en notre competivité à Singapour, le RS27 a bien fonctionné jusqu’ici lors des circuits en ville, Red Bull Racing-Renault ayant assuré une victoire à Monaco et à Valence. Nous attendons cet événement avec impatience.
Le saviez-vous ?
La cartographie du moteur est toujours importante, mais une utilisation efficace du fond plat soufflé est encore plus importante ici à Singapour puisque 95% des virages sont pris soit en 1ère, 2ème ou 3ème avec un régime moteur entre 8.000 et 13.000 tr/mn pour un maximum possible de 18.000. Le bruit pourrait être impressionnant toutefois car le son se propage entre ces hauts bâtiments qui entourent la piste.