En marge de la 79ème édition des 24 Heures du Mans, édition qui restera dans les mémoires, un important chapitre du sport automobile s’est clos. En effet, Stirling Moss, l’un des plus grands champions de l’histoire du sport automobile mondial, a décidé de raccrocher définitivement son casque, à l’âge de... 81 ans ! Sirling Moss était engagé dans la course support des 24 Heures, la Le Mans Legend, au volant d’une Porsche RS61 de 1961, qu’il avait achetée et fait restaurer l’année dernière, qu’il partageait au Mans avec Ian Nuthall.
C’est à l’issue des essais qualificatifs de la Le Mans Legend, jeudi dernier, que le champion britannique a décidé de se retirer. "Cet après-midi, je me suis fait peur et j’ai toujours dit que si je sentais que je n’étais pas à la hauteur ou que je gênais mes camarades concurrents, alors je me retirerais. J’aime la course automobile mais il est temps maintenant d’arrêter."
Stirling Moss est sans conteste l’une des grandes figures du sport automobile, toutes époques et toutes disciplines confondues, même s’il n’a jamais eu de titre mondial. Les britanniques le désignent comme "the greatest driver never to win the World Championship", soit le plus grand pilote n’ayant jamais gagné le Championnat du Monde.
Après avoir commencé à courir à l’âge de 18 ans, il a fait ses débuts en Grands prix de F1 à 21 ans - il y a donc 60 ans ! Il a disputé 66 Grands Prix, en a remporté 16 et a signé 16 pole positions, soit un ratio de victoires et de poles de près de 25%. Pourtant, il n’a pas été titré, étant Vice-Champion du Monde quatre années consécutivement (sur Mercedes, Maserati, Cooper et Vanwall) de 1955 à 1958, année où il fut devancé d’un seul point par Mike Hawthorn.
Stirling Moss a eu le "malheur" de courir en même temps qu’une autre légende du sport automobile, l’Argentin Juan Manuel Fangio. Fangio a été cinq fois Champion du Monde, en 1951 et quatre fois de suite entre 1955 et 1957, devançant donc trois fois Stirling Moss. Moss, excepté en 1955 où ils étaient tous deux équipiers chez Mercedes, a souffert d’être dans des écuries moins prestigieuses, avec un matériel un peu moins performant.
Moss et Fangio étaient les deux grands champions de l’époque, leur rivalité sportive n’étant pas sans évoquer les duels Prost-Senna. Les "Tu te prends pour Fangio ?", ou "Tu te prends pour Stirling Moss ?" étaient alors synonymes de conduite sportive.
Il mit fin à sa carrière sportive internationale en 1963, s’estimant insuffisamment remis des séquelles d’un accident qu’il avait eu l’année précédente à Goodwood, dans une course hors championnat, au volant d’une Lotus. Il reprit ensuite le volant dans de nombreuses courses historiques et est l’un des grands artisans du succès des meetings de Goodwood, le Festival of Speed et le Goodwood Revival.
Durant les années 1950, les pilotes couraient indifféremment en Grands Prix et en Endurance, et Moss n’a pas dérogé à cette - bonne - habitude, se forgeant un palmarès important, avec des victoires aux 12 Heures de Sebring, à la Targa Florio, aux Mille Miglia, aux 1000 Km du Nürburgring (4 fois), aux 1000 Km de Buenos Aires ou encore au Tourist Trophy (3 fois).
Il a disputé les 24 Heures du Mans à dix reprises, mais la réussite n’a pas été au rendez-vous, puisque il a été contraint à l’abandon à huit reprises, à chaque fois avant la mi-course. Les deux seules fois où il a été à l’arrivée, c’était à la plus mauvaise place, la deuxième : en 1953 sur une Jaguar C avec Peter Walker, et en 1956 avec un autre grand nom du sport auto britannique, Peter Collins. En 1955, année noire pour Le Mans, il était associé à Juan Manuel Fangio sur une Mercedes 300 SLR, formant un des équipages les plus fantastiques de l’histoire des 24 Heures, le favori logique de l’édition 1955 avant l’issue tragique que l’on sait, Fangio ayant évité d’extrême justesse l’accident.
Stirling Moss est devenu Sir Stirling Moss en 2000, anobli des mains du Prince Charles. Nous ne verrons plus le casque blanc de Stirling Moss, casque pour lequel il avait obtenu une dérogation pour continuer à courir, le modèle n’étant plus homologué. C’est donc le circuit manceau qui aura connu les derniers coups de volant en compétition de cet immense champion. Une légende terminant sa carrière sur un circuit de légende, quel plus beau symbole ?