Sergey Sirotkin ne s’attendait certainement pas à ce que sa première saison en F1 soit aussi complexe. A bord d’une Williams décrochée en termes de performance, le Russe doit faire son apprentissage sur une monoplace rétive et difficile à dompter.
« C’est délicat » reconnait volontiers l’ancien pilote d’essais de Sauber et Renault. « Nous n’obtenons pas de résultats et le rythme n’est pas celui attendu. Il aurait été plus facile d’arriver dans une voiture plus simple à conduire, prête à marquer des points. »
« Mais j’apprécie de devoir relever ce défi, de travailler avec tous les gars, de rester unis pour améliorer la situation. C’est un effort de toute l’équipe et je sens que j’y joue mon rôle. Une fois que nous aurons réglé ces problèmes et que nous aurons obtenu des résultats, nous sentirons la récompense du travail accompli. »
Sergey Sirotkin s’applique à se rendre très souvent à l’usine Williams. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a acheté un appartement à 20 minutes seulement de Grove.
« Parfois, je me présente à l’usine pour déjeuner avec les gars, pour m’entraîner, et ensuite je reviens chez moi » confie-t-il. « Parfois, je suis aussi à l’usine toute la journée pour assister à des réunions, pour être dans le simulateur et pour m’entraîner. J’aime bien rendre visite aux gars, plaisanter avec eux. »
« Certains jours, nous faisons des entraînements en groupe avec les ingénieurs et les mécaniciens. En plaisantant avec mon coach l’autre jour, en revenant du Grand Prix de Monaco, j’ai dit que c’était la première fois que je voyais mon appartement de jour ! Car avant, je partais tôt le matin et je revenais tard le soir. »
Sergey Sirotkin n’est pour autant pas un employé comme les autres chez Williams et se doit de performer en piste. Ressent-il la pression ?
« Je ne sens aucune pression. Je sais qu’elle est là. Parfois, vous ne pouvez pas trouver le sommeil la nuit, surtout en ce moment – je n’ai pas marqué de point. Mais nous ne sommes pas en position de trop s’inquiéter à propos des points. »
« Ce n’est pas le désir de marquer des points qui me tient en haleine. C’est la passion de faire ce que je fais. Ne pas courir l’an dernier m’a rappelé à quel point j’adorais courir. Oui, ça m’avait vraiment manqué. C’est comme si on m’avait ôté une partie importante de moi-même. Donc être de retour dans une voiture, c’est très excitant pour moi. »
Sergey Sirotkin sait pourtant que Williams, en cas de mauvais résultats, pourrait le remplacer par Robert Kubica, toujours très populaire dans le paddock. Se sent-il menacé par le Polonais ?
« Non, pas du tout. Nous savons tous dans quelle situation est l’équipe. J’ai une très bonne relation avec lui, en dépit de ce que pensent beaucoup de gens. C’est un gars très sympathique, très ouvert, très amical. »
« Il me rappelle un peu ma dernière année chez Renault, quand parfois, vous pensez que ça ne sert à rien que vous soyez là, mais vous êtes toujours là et vous essayez de comprendre certaines choses. Même si vous ne pilotez pas la voiture, c’est toujours intéressant. C’est pourquoi je le respecte encore plus. Beaucoup de gens ne s’attendent peut-être pas à ce que je dise cela, mais je suis assez heureux de l’avoir dans l’équipe. C’est bon d’avoir une large palette d’avis sur la voiture. »
Pour gagner sa place sur le moyen terme, Sergey Sirotkin devra entrer enfin dans les points, alors que Lance Stroll a inscrit les seules unités de l’écurie pour le moment à Bakou. Mais le Russe sent qu’il en fait assez aujourd’hui pour convaincre sa patronne Claire Williams… qui en effet, s’est dite satisfaite de lui récemment.
« Mais tout d’abord, je veux faire un assez bon travail pour que chacun puisse le remarquer » poursuit le Russe. « Ensuite je veux que quelqu’un me dise que je fais du bon boulot, pas que j’essaie de faire un bon boulot. Bien sûr il est encore tôt, mais c’est ce genre de mentalité qui me donne l’envie et l’occasion de me battre. »