Le Grand Prix de Singapour sera l’un des plus éprouvants de la saison, en raison de la chaleur et de l’humidité qui règnent dans la cité-État. Les pilotes devraient perdre plusieurs kilos d’eau en course – la durée de l’épreuve atteint souvent les deux heures.
Mais l’épreuve singapourienne représente encore un défi pour tous les membres des écuries se déplaçant sur les Grands Prix. Il s’agit de les maintenir en forme, physique tant que mentale, pour qu’ils performent eux aussi à 100 %.
A l’occasion du Grand Prix de Singapour, Mercedes a justement expliqué les procédures que l’écurie employait pour « maintenir les niveaux d’énergie des employés au cours d’une saison ». Et cette tâche n’est « pas aussi simple » qu’on pourrait le penser.
L’écurie allemande rappelle que cette épreuve singapourienne s’inscrit dans une saison éprouvante : sept épreuves restent encore à disputer, quatorze se sont déjà déroulées – dont trois courses en trois semaines cet été.
« A ce moment de la saison, nombreux sont les membres de l’équipe à avoir passé presque 100 jours loin de leur domicile et à avoir parcouru presque 100 000 kilomètres » explique l’écurie. « L’équipe se rendant sur les Grands Prix a déjà réalisé près de 1000 arrêts aux stands, la plupart à l’entraînement. »
« Certains des voyages les plus longs restent cependant encore à venir [Japon notamment]. Cinq des sept prochaines courses auront lieu à 7500 kilomètres de distance de Brackley et Brixworth – Singapour est à près de 11 000 kilomètres. En deux mois et demi, les membres de l’équipe vont passer 100 heures dans des avions, et vont changer de fuseaux horaires comme de climat. Maintenir leurs niveaux d’énergie peut donc devenir assez difficile. »
Mercedes explique que quatre facteurs sont décisifs dans cet objectif : « la santé, la forme physique, le sommeil et la nutrition. »
S’agissant du premier de ces facteurs, la santé, Mercedes emmène toujours dans ses bagages un docteur et un physio, qui sont sur la piste du mercredi au dimanche soir.
« Beaucoup des membres de l’équipe passent 150 jours ou plus à l’étranger, donc pour beaucoup d’entre-eux, ce docteur est leur médecin traitant. Durant un week-end de course, l’équipe médicale réalise entre 40 et 60 consultations. La grande majorité concerne des problèmes musculaires, un coup de froid classique, ou une grippe ou une gastroentérite. »
« L’équipe médicale enregistre toutes les interventions et très clairement, il apparait que vers la fin de la saison, les consultations augmentent de 20 à 25 %. L’explication est simple : en automne et en hiver, les maladies communes sont un phénomène habituel en Europe. Ajoutez à cela un nombre élevé de voyages – ce qui est une source de fatigue supplémentaire pour le corps – et le fait que les membres de l’équipe aient déjà fait 14 courses… Par conséquent, le besoin d’un soutien médical augmente. »
« Cependant, traiter ces maladies n’est qu’une partie de ce travail : il faut aussi les prévenir. Pour cette raison, un physio assiste aux entraînements d’arrêts aux stands pour se concentrer sur chaque individu et observer leurs mouvements. Est-ce que quelqu’un exécute les mouvements demandés d’une manière optimale pour le système musculaire et squelettique ? En fonction des résultats, le physio travaillera avec l’équipe se chargeant des arrêts aux stands, pour améliorer leurs mouvements ou même suggérer un changement de poste, afin de mieux s’adapter au physique de toutes les personnes. »
Le niveau de forme physique joue aussi un rôle crucial : les mécaniciens comme les pilotes doivent rester en grande forme, explique Mercedes.
« Des mesures diverses sont prises durant la saison – des mesures cliniques de base, comme la pression du sang, jusqu’aux tests de résistance physique pour évaluer le niveau de santé et de forme physique. Les échantillons de sang sont analysés pour vérifier des indicateurs comme l’hémoglobine ou les électrolytes. Nous étudions aussi les indicateurs diététiques comme les lipides, le glucose et le cholestérol.
« Les tests de résistance physique incluent des exercices pour mesurer la force, la mobilité et la flexibilité. Les résultats des tests de pré-saison sont comparés à ceux réalisés en cours de saison, pour s’assurer que les niveaux de santé et de forme physique aient augmenté, et non diminué. »
« Les programmes d’entraînement individuels sont élaborés pour s’assurer que tout le monde dispose d’un programme sur-mesure, répondant au niveau de forme et aux besoins de chacun. Les coaches de fitness au Centre de Performance à Brackley surveillent les programmes individuels pour aider les membres de l’équipe à atteindre leurs objectifs de forme physique. »
Le régime alimentaire des mécaniciens est enfin surveillé étroitement par Mercedes, en particulier en week-end de course. « Aujourd’hui, les choix alimentaires sur la piste répondent aux besoins diététiques de l’équipe, des repas sains jusqu’aux snacks énergisants. »
L’épreuve de vérité arrive pour ce programme strict : sur tous les plans, le Grand Prix de Singapour est le défi le plus coriace pour l’endurance physique et mentale des membres de l’équipe.
« Les températures dans le garage à Singapour peuvent facilement attendre 40 degrés, ou les dépasser » précise Mercedes.
« Ces conditions sont vectrices de certains risques comme la déshydratation ou le stress thermique. Boire est donc important, même si la quantité idéale de liquide dépend de chaque personne. S’il fait chaud à Singapour, il faut boire idéalement entre 3 et 5 litres par personne. »
« Boire est aussi important pour les pilotes : les études ont montré que la performance cognitive commence à se détériorer si une personne perd de 1,5 à 2 % de son poids en eau. Donc quand un pilote pesant 70 kilos, perd 1,05 à 4 kilos en raison de sa transpiration, sa performance cognitive va probablement diminuer, ce qui aura un impact sur ses réflexes et la précision de ses points de freinage. Pour prévenir cette performance potentielle de performance, nos voitures embarqueront les plus grandes quantités de boissons de la saison – 1,3 litre de fluide. »
Pour rappel, un pilote comme Marcus Ericsson, désavantagé par sa taille et son poids, avait révélé fin juillet, après un Grand Prix de Budapest disputé sous une chaleur écrasante, courir sans système de boissons depuis 2 ans et demi.
« Je n’ai pas eu de système de boisson installée depuis deux ans, y compris aujourd’hui. Cela pèse environ 1,5 kilo. Nous choisissons donc de ne pas l’utiliser à cause du poids. C’est l’une des raisons pour lesquelles on devrait avoir le même poids pour tous les pilotes. »
Le Suédois emportera cependant du liquide avec lui à Singapour, pour cette course ô combien éprouvante.