Susie Wolff, la pilote de développement de l’écurie Williams, a participé à sa première séance d’essais privés le mois dernier sur le circuit de Silverstone. Un grand moment pour elle et pour la gent féminine, mais elle espère un peu plus à l’avenir...
Toutefois, certains n’hésitent pas à dire qu’elle doit ce test au fait qu’elle est une femme et pas n’importe laquelle, celle de Toto Wolff, le patron de la compétition chez Mercedes et actuel actionnaire de l’équipe Williams.
“Il y a beaucoup de gens qui attendaient cette séance avec l’espoir que je fasse mal les choses afin d’avoir la possibilité d’écrire quelque chose de négatif à propos des femmes qui ne sont pas prêtes à faire de la F1," explique Susie Wolff. "En fin de compte, une équipe ne donnera jamais sa chance à une femme si elle ne pense pas qu’elle peut être performante. Ils ne vont pas mettre quelqu’un de complètement inutile au volant de la voiture.”
“Le fils d’Alain Prost (Nicolas) était en piste à Silverstone. Son père est quadruple champion du monde et personne n’a parlé de ça, mais tout le monde a sauté sur l’occasion pour me faire remarquer que j’étais au volant de la voiture car mon mari est actionnaire de Williams,” poursuit Susie Wolff.
“J’ai été très claire depuis le début de ma carrière : je ne suis pas ici pour prouver quelque chose sur les femmes dans le sport automobile. Je n’étais pas en piste à Silverstone pour prouver qu’une femme pouvait piloter une monoplace de F1. J’étais là-bas en tant que Susie Wolff, pilote de course, qui voulait tout simplement réaliser son rêve de piloter en F1.”
Susie Wolff a commencé à faire du karting à l’âge de huit sans jamais penser que c’était un sport réservé aux garçons. Ensuite, elle s’est tournée vers la Formule Renault, la F3 et le DTM. “Il y a des gens qui me disent qu’ils ne réalisaient pas qu’une fille pouvait faire du sport automobile avant d’avoir entendu parler de moi. Je crois que l’opinion des jeunes générations sur ce sport est en train de changer.”
Susie Wolff doit bien sûr encaisser certains commentaires sexistes. “Les remarques habituelles comme celui qui consiste à me demander où je mets mon rouge à lèvres dans la voiture ne me dérangent plus, j’ai surmonté ça depuis longtemps.”
Elle peut heureusement compter sur le soutien de Bernie Ecclestone qui rêve depuis longtemps de voir une femme sur une grille de départ d’un Grand Prix de F1. Et pourtant, Bernie n’a pas toujours des commentaires très judicieux envers elle.
“Si Susie était aussi rapide au volant de la voiture que belle en dehors de la voiture, ce serait un atout énorme pour nous,” déclarait récemment Bernie Ecclestone.
“Malgré ses propos sexistes, par exemple lorsqu’il dit qu’une femme n’est qu’un appareil ménager qui a sa place dans la cuisine, Bernie Ecclestone m’a toujours soutenue en coulisses,” précise-t-elle.
Mais les sponsors éventuels s’intéressent surtout à son apparence et elle en est bien consciente. “J’essaye de trouver la juste limite pour ne pas impressionner les gens, mais les gens jugent toujours les femmes sur leur apparence. Il faut être présentable et les sponsors veulent que vous ressembliez à une fille et pas à un pilote de course qui dans l’imaginaire collectif est quelqu’un de grand et un homme.”
Est-ce pour cette raison qu’elle a posée pour des magazines masculins ? “Lorsque j’ai vu ces photos je me suis dit que ce n’était pas moi et que ce n’était pas le message que je voulais envoyer. Je ne voulais pas que l’on pense que c’est ce qu’il fallait faire pour réussir. Lewis Hamilton a aussi fait des photos sur lesquelles il était torse nu et est-ce qu’on lui a fait des remarques pour ses poses sexy ? Non, on ne l’a pas fait,” conclut-elle.