L’équipe Virgin Racing, aujourd’hui devenue Marussia, avait fait le pari d’aborder la F1 en 2010 avec une voiture entièrement conçue par ordinateur, par la technique dit de la simulation de la dynamique des fluides (CFD), sous l’impulsion de Nick Wirth.
Ce pari qui permettait de se passer de coûteuses heures en soufflerie n’a pas été réussi. Wirth a été remercié et Pat Symonds a pris sa place en tant que consultant technique puis directeur technique à partir du 1er janvier. Selon Symonds, Marussia était bien trop en avance sur son temps en voulant se fier uniquement à la CFD !
"Les souffleries sont plus précises que la CFD dans bien des domaines," explique Symonds à F1 Racing. "Mais les deux cohabitent comme techniques complémentaires. La CFD s’améliore d’année en année grâce à des logiciels de plus en plus performants, des ordinateurs plus rapides et une meilleure interprétation, mais elle ne sera pas l’outil principal avant plusieurs décennies."
Richard Branson a probablement été mal conseillé à l’époque car l’aérodynamique, et donc les souffleries, sont capitales pour faire progresser une voiture en F1.
"Il y a deux points essentiels dans la performance d’une Formule 1 : les pneus et l’aérodynamique. Les équipes n’étant plus autorisées à développer les pneumatiques, le facteur principal de différenciation est l’aérodynamique," poursuit Symonds. "La meilleure façon d’améliorer l’appui et l’efficacité aérodynamique consiste à utiliser une soufflerie pour faire des expériences semi-empiriques."
"Que mesure-t-on lors de ces expériences ? La réponse évidente est la traînée et l’appui, mais l’équilibre entre l’avant et l’arrière est tout aussi important. On mesure également d’autres forces ou moments qui agissent sur chaque axe et dont l’analyse permet de déterminer les forces résultantes en jeu."
L’aérodynamique est un domaine très complexe, ce qui explique pourquoi la CFD ne peut être une réponse à part entière pour le moment. "Une des limites des essais en soufflerie est leur côté empirique : les tests sont menés isolément et même si le résultat est clair, il n’est pas toujours facile de dire comment les améliorations ont été obtenues," reconnait Symonds.
"Pour améliorer l’interprétation des données, on mesure aussi beaucoup de pressions, en général plus d’une centaine. Leur analyse va aider l’aérodynamicien à comprendre le régime de flux présent sur la maquette."
Marussia a signé il y a un an un accord de coopération technique avec McLaren et la voiture de 2013 sera la première de l’équipe à être développée dès sa naissance à la fois par la soufflerie et par la CFD.