Le plafond de trois moteurs autorisés au maximum (par voiture), qui entrera en vigueur cette saison, inquiète de nombreuses équipes comme Red Bull-Renault ou encore Toro Rosso-Honda.
Ces limitations sont introduites afin de limiter les coûts, mais sont vertement critiquées depuis 2014, puisqu’elles bouleversent l’ordre de la grille entre le samedi et le dimanche, déroutant la majorité des téléspectateurs.
Pourtant, Jean Todt, le président de la FIA, ne se prononce pas du tout pour un changement actuel de la réglementation. Faute d’alternative viable, le Français est sceptique pour le moment.
« Je ne pense pas qu’il soit facile de trouver une vraie bonne solution. Si vous ne faites rien, alors, qu’est-ce qui arrivera ? Le prix des moteurs grimpera. »
« Pour la FIA, décider d’un nombre illimité de moteurs, ça ne pose aucun problème, mais ça posera un problème pour les (petites) équipes. Donc il faut compenser ce problème avec des pénalités sur la grille. »
La réduction de quatre à trois moteurs pour cette saison est vécue comme une injustice et une source de désagréments futurs, mais Jean Todt rappelle que des structures comme Red Bull doivent aussi penser aux petites équipes.
« L’idée c’est de rendre les moteurs moins chers pour les écuries privées, parce qu’elles ne paieront pas les motoristes pour quatre moteurs, mais pour trois. Il fallait prendre ce point en compte. Rappelez-vous les derniers accords : 2018 devait être une année de baisse des coûts pour les moteurs, comme à chaque année. Pour y parvenir, les motoristes ont dit qu’ils étaient prêts à réduire le coût des moteurs pour les équipes à condition de diminuer le nombre de moteurs fournis de 4 à 3. »
« Nous avons tendance à oublier l’origine des décisions. C’est ce que je disais au sujet des pénalités sur la grille. Bien sûr, nous aurions préféré ne jamais infliger des pénalités, mais il y a aussi un coût si vous ne donnez plus de pénalités. La raison pour laquelle nous avons basculé vers les trois moteurs, c’est pour permettre de réduire la facture pour les écuries privées. Et pour moi c’était absolument essentiel. »
En réalité, pour Jean Todt, les écuries de pointe, dont les motoristes, voudraient augmenter le nombre de moteurs autorisés par saison, non pour assurer plus de lisibilité pour le spectateur, mais pour augmenter encore leurs avantages sur les écuries privées.
Le Français se félicite ainsi qu’aucun accord n’ait pu être trouvé pour remonter le quota à 4 moteurs en 2019. Et il ne voit pas pourquoi la FIA chercherait à infliger des pénalités financières plutôt que des pénalités sur la grille – pour des mêmes raisons d’équité.
« Ce serait encourager les équipes les plus riches. Est-ce que Mercedes se soucierait d’une amende de 200 000 ou 500 000 dollars ? Ensuite qu’est-ce que diraient les gens ? Que la FIA essaie de trouver une autre manière pour gagner plus d’argent… »
Cette année, le système a donc été simplifié à la marge mais restera en vigueur. Le président de la FIA, qui a une longue expérience dans le sport, se fait enfin historien pour trouver de nombreux arguments.
« Par le passé vous pouviez changer votre moteur le vendredi, le samedi, vous aviez ensuite un moteur pour les qualifications, et vous pouviez le faire 20 fois… »
« Cette règle fut décidée pour des raisons de coût afin de limiter le nombre de moteurs. Elle fut aussi conçue pour que les équipes privées puissent acheter des moteurs à des coûts moins élevés. »
« Donc que faire si vous changez de moteur [en dehors des limites fixées] ? Quelque chose doit arriver. Je dirais que tout le monde a trouvé un consensus : vous devez recevoir une pénalité sur la grille, c’est ainsi. »