A l’occasion des 50 ans de Michael Schumacher, le 3 janvier dernier, Jean Todt, l’ancien patron du septuple champion du monde chez Ferrari, est revenu sur les années de l’Allemand avec la Scuderia.
Tout a commencé avec son engagement pour la saison 1996. Schumacher venait de remporter ses deux premiers titres de champion du monde avec Benetton, mais les discussions pour rejoindre Ferrari ont commencé avant l’obtention de ce 2e titre.
"Il était évident qu’après la disparition de Senna, Michael était le pilote à avoir. À cette époque là, chez Ferrari, les motoristes s’en prenaient aux hommes du châssis, les hommes du châssis aux motoristes et les pilotes à la voiture en entier !" se remémore le président de la FIA dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport.
"Nous avons donc décidé d’embaucher le pilote de référence pour supprimer au moins cette variable. Le premier à contacter Willy Weber (son manager) était Niki Lauda, notre consultant. Ensuite j’ai rencontré Michael avec l’avocat de Ferrari, Henry Peter."
"La réunion décisive s’est déroulée dans ma chambre à l’hôtel de Paris à Monaco. Elle a duré 12 heures, c’était fin juillet 1995. L’accord préalable a été signé. Ensuite chaque fois qu’il y avait un problème à résoudre pour le contrat final, j’appelais le président Luca di Montezemolo puisque je ne dirigeais pas Ferrari."
Sur la piste, la collaboration a duré de 1996 à 2006. Quel est le meilleur souvenir de Todt ?
"Facile, le Grand Prix du Japon en 2000, lorsque nous avons rapporté à Maranello le premier titre depuis celui obtenu en 1979 par Jody Scheckter. Une fois arrivé sur le podium, à Suzuka, j’ai dit à Michael : ’Nous avons accompli notre mission, notre vie sportive à partir de maintenant ne sera plus jamais la même’..."
Et les moments les plus difficiles sont assez évidents pour Todt.
"Je pense, par exemple, à Jerez 97, quand il a perdu le titre. Michael n’était chez Ferrari que depuis un an. Cela aurait été sensationnel s’il l’avait gagné, puis l’incident sous la pluie avec Coulthard à Spa 98, l’accident de Silverstone en 99, quand il s’est fracturé la jambe, puis au Japon en 2006 quand il a cassé le moteur et a perdu le titre."
Le Français était encore en poste chez Ferrari lorsqu’il a dû gérer la première retraite de Schumacher, fin 2006. L’occasion pour Todt de corriger certaines choses qui ont été dites à l’époque.
"Même sur ce point, beaucoup de choses stupides ont été dites ou écrites, comme le fait que je voulais garder Schumacher et que Montezemolo voulait Raikkonen. Rien de cela était vrai : Michael voulait s’arrêter pour laisser une place à Felipe Massa, en qui il avait confiance et pour qui il avait de la sympathie."
"Michael a aussi dit qu’il ne voulait plus ressentir toute cette pression, continuer dans tous ces engagements. C’est seulement après que nous avons appelé Kimi. Nous avons proposé à Schumacher le rôle de consultant pour continuer avec son nom et son expérience, même s’il n’avait pas beaucoup d’expérience ni de passion pour ce poste."
Todt a suivi ensuite la dernière phase de la carrière en F1 de Schumacher.
"Après l’incident Massa à Budapest en 2009, alors que j’étais déjà loin de Ferrari, je sais que Montezemolo lui a proposé de revenir. Il était prêt, mais il s’est blessé à la moto et n’a pas pu revenir en Formule 1. Il ne pouvait donc pas accepter à ce moment-là."
"Il a donc contacté Mercedes et, compte tenu de notre relation, il m’a demandé mon avis même si sa décision avait déjà été prise. Je lui ai dit qu’il valait mieux ça que toute compétition à moto !"