Au Royaume-Uni, il n’est pas acquis que le gouvernement May dispose d’une majorité suffisante pour approuver l’accord sur le Brexit à la Chambre des Communes… En somme, « le spectre du hard Brexit » est plus que jamais d’actualité.
Or, étant donné que la majorité des écuries sont basées en Angleterre, un « no deal Brexit » aurait des répercussions négatives très concrètes pour la F1. Même si un accord est finalement trouvé, il sera d’ailleurs sans doute moins aisé de recruter des ingénieurs étrangers…
Du côté de Mercedes, Toto Wolff a-t-il déjà en mains un plan complet pour s’adapter au Brexit ?
« Nous suivons la situation très étroitement puisque Mercedes a de grandes bases au Royaume-Uni. Notre division sport auto, qui représente 1800 personnes, avec un large pourcentage de citoyens de l’UE, y est basée. Personnellement, je reste hors de la politique, mais ce sujet est très proche de mon cœur, puisque nous avons oublié qu’il y a 70 ans, il y a eu une guerre en Europe. Et l’idée européenne, c’est d’éviter que cela se reproduise à l’avenir. Tout a changé ces deux dernières années, le nationalisme s’est développé dans différents pays, de nouvelles alliances se forment, d’autres se brisent. »
« Mon opinion personnelle – je ne parle pas pour Mercedes – c’est que nous devrions étudier de très près la situation et ne pas mettre en danger l’économie d’un pays. Donc oui, c’est un sujet pour nous. Nous importons beaucoup de biens en provenance de l’UE. Nous avons pris des mesures pour s’assurer qu’ils ne soient pas bloqués à la frontière. Dans l’ensemble, ce n’est pas un développement très plaisant. »
Dans le cas d’un hard Brexit, Mercedes est-elle prête à rapatrier d’urgence ses employés en Allemagne ?
« La libre circulation dans l’UE devrait être plutôt préservée, donc je ne suis pas inquiet pour le court terme » répond Toto Wolff. « Mais cette séparation pourrait avoir des effets que nous ne voyons pas encore aujourd’hui, sur la libre circulation des biens et des personnes. Rien n’est encore sur la table, nous ne savons pas encore le dénouement. Un hard Brexit serait terrible pour tout le monde. Mais je suis moins inquiet pour le personnel qu’il y a un mois. »
Cyril Abiteboul est lui aussi inquiété par le Brexit, puisque l’usine d’Enstone estbasée en Angleterre.
« Renault et Nissan ont en particulier des usines importantes en Angleterre. C’est une opportunité pour avoir une discussion avec les autorités pour comprendre ce qu’il adviendra de la libre circulation des biens et des personnes. Nous ne voulons pas que notre fret soit retardé d’une quelconque manière, de même que nos employés. Nous nous sommes développés très rapidement ces dernières années, et ce grâce aux possibilités offertes au Royaume-Uni, pour attirer des jeunes diplômés. Nous ne voulons pas que cela change. Ce serait dramatique pour la F1. Mais j’ai une pleine confiance dans les autorités de Grande-Bretagne pour comprendre qu’il n’est pas de leur intérêt de perdre ce qui est l’un des piliers de l’industrie du pays, la F1 et le sport auto. »
Christian Horner, le directeur de Red Bull, s’attend lui à ce que le Brexit soit connu avec plus de « clarté » dans les prochaines semaines.
« Le plus important, c’est que les gens pourront continuer à faire leurs affaires avec le Royaume-Uni, si nous sommes compétitifs. Le pays a excellé dans la F1 ces dernières années et ce n’est pas une coïncidence si la plupart de nos équipes y sont basées. Oui, il y a un peu de turbulence pour le moment mais j’espère que dans les prochaines semaines, une solution sera trouvée. Cette solution, en dernier ressort, ne devra pas affecter notre business de tous les jours. »
Finalement, le Brexit serait une bonne nouvelle pour les écuries qui ne sont pas basées outre-Manche, comme Sauber (en Suisse) ou bien sûr Toro Rosso et Ferrari en Italie…
« La situation n’est pas idéale pour la F1 » rétorque le patron de la Scuderia, Maurizio Arrivabene. « Donc j’espère que les autorités pourront trouver une solution convenable pour le futur. Si la situation reste telle quelle, du point de vue de Ferrari, nous allons avoir, dans un futur proche, beaucoup de gens qui vont frapper à la prote de Maranello. Mais ce n’est pas le meilleur scénario pour l’ensemble de la F1 et pour le développement de nous tous ici. »