Après une pause de quatre semaines, le Championnat du Monde FIA 2011 de Formule Un redémarre avec un classique du calendrier. Le Grand Prix de Belgique, qui se déroule sur le circuit de Spa-Francorchamps est une boucle de 7,004 km de montagnes russes à travers les collines et les forêts de la région des Ardennes. Plus de 70% du circuit se prend à fond, ce qui en fait un gros défi pour les pilotes, mais plus particulièrement pour les moteurs qui doivent offrir une bonne puissance maximale, de la souplesse et de bonnes reprises pour négocier les courbes rapides et fluides telles que les célèbres Eau Rouge et Blanchimont, ainsi que la chicane serrée du « Bus-Stop » et l’épingle de La Source.
Données chiffrées sur le Grand Prix de Belgique
– Spa est de loin le plus long circuit du calendrier - un tour fait 7,004 km ; son dauphin, avec 5,891 km, est Silverstone. Plus de 70% de la piste se déroule à plein régime, ce qui représente 4,903 km - plus long que l’ensemble du circuit de Catalunya !
– Sur un tour, le moteur aura une durée totale de pleine ouverture des gaz de 43 secondes. Il y a deux principales « lignes droites » - la première part du premier virage, l’épingle de La Source, passe l’Eau Rouge et va jusqu’à Combes sur la ligne droite de Kemmel. Le moteur RS27 atteindra son régime maximal (18 000 trs/mn) pendant 23 secondes sur ce secteur. La seconde longue ligne droite dure 23 secondes, de Stavelot à la chicane du Bus Stop, où le RS27 sera à son maximum durant 20 secondes.
– La piste est en descente depuis La Source avant de grimper 80m à travers l’Eau Rouge jusqu’à Combes. Ceci est particulièrement difficile pour le moteur RS27, car il y a beaucoup de forces latérales, environ 5G. La pression peut affecter le flux des lubrifiants dans les systèmes hydrauliques.
– L’épingle de La Source est la partie la plus lente de la piste où les pilotes redescendent brutalement à seulement 70km/h et 8,700trs/mn. Cependant, la longue ligne droite située juste après exige au moteur de se relancer très rapidement. Les ingénieurs de Renault Sport F1 créent des cartographies qui permettent au pilote d’obtenir des accélérations linéaires, mais rapides, pour la longue ligne droite.
– La longueur du circuit et sa situation géographique dans des collines recouvertes de forêts impliquent différents microclimats au cours d’un tour ; il peut pleuvoir à un endroit, et faire sec à un autre. Les cartes moteur représentent donc un compromis donnant autant de souplesse que possible. Ironiquement, l’interdiction de modifier les cartographies moteur entre les qualifications et la course est susceptible d’avoir très peu d’impact ici étant donné la rapidité à laquelle les conditions peuvent changer.
Qu’en est-il vu du cockpit ? Mark Webber, Red Bull Racing :
Le Grand Prix de Belgique est l’une des courses les plus difficiles de l’année, mais aussi l’une des plus agréables étant donné le défi que cela représente de réaliser un tour parfait. Vous êtes confrontés à toutes sortes de virages et de conditions météorologiques au cours du week-end, ce qui signifie que vous devez être au top de votre forme lors de chaque session. Par conséquent il faut être assuré que le moteur soit fiable et maniable de façon à vous concentrer pour tirer le meilleur de vous-même.
Une bonne puissance maximale est nécessaire si vous voulez attaquer les courbes telles que l’Eau Rouge et Stavelot sur le plus grand rapport, au régime maximal. Mais avoir de la reprise est également crucial pour sortir rapidement des virages lents tels que la chicane Bus Stop et La Source. Une bonne cartographie et une bonne gestion moteur peuvent faire une énorme différence sur un tour aussi long.
Le point de vue des ingénieurs : Rémi Taffin, responsable des activités piste de Renault Sport F1 donne ses réflexions sur Spa.
Spa-Francorchamps est un circuit qui nous donne « un maximum » de tout. C’est le plus long, avec les conditions météorologiques les plus changeantes, mais du point de vue d’un ingénieur, c’est le plus attrayant étant donné le défi qu’il représente. Le pilote va rencontrer tous les types de virages possibles de sorte que nous, les ingénieurs, devons réfléchir à rendre le RS27 performant à tous les niveaux de couples et de régimes moteur.
Nous avons besoin que le moteur offre une courbe de puissance toute en douceur à travers les enchaînements fluides comme Blanchimont et l’Eau Rouge, mais aussi très réactive à la sortie des épingles et des chicanes plus lentes. Il y a également deux zones significatives de freinage : le virage 1, en épingle à cheveux, rendu plus difficile car en descente, puis le Bus Stop où la voiture freine brutalement de 310km/h à seulement 75km/h - mettant les composants internes du moteur sous une pression énorme. Les longues lignes droites et les longues périodes où l’accélérateur reste ouvert exigent une bonne démultiplication du 7ème rapport, essentielle pour un bon chrono. Vous comprenez ainsi pourquoi nous devons être absolument au mieux dans chaque domaine de performance.
Obtenir une bonne cartographie, tout en autorisant suffisamment de souplesse pour faire face à la météo changeante, signifie que c’est l’un des circuits où nous passons le plus de temps au banc moteur ; environ 4.5 heures au banc d’essais et puis 5 heures en préparation. En fait, nous utilisons Spa comme un circuit de référence pour tester la fiabilité d’un moteur étant donné l’importante pression qu’il inflige aux pièces internes. Avec de telles contraintes exercées, nous allons fournir des moteurs neufs pour cette course à chacun de nos partenaires, afin de leur donner autant de puissance que possible.
Le saviez-vous ?
Renault Sport F1 a également observé la période de deux semaines d’arrêt FOTA. Le site de Viry a été fermé une semaine entre les Grands Prix de Hongrie et de Belgique, et les 250 membres du personnel ont pris une semaine supplémentaire avant ou après la fermeture.
Renault en Belgique
Les moteurs Renault l’ont emporté sur cette piste à cinq reprises, la première fois en 1983 avec Alain Prost (Renault). Ayrton Senna (Lotus-Renault) a remporté la victoire en 1985 avant que Damon Hill ne gagne pour Williams pendant deux années consécutives en 1993 et 1994, puis Michael Schumacher, en 1995 avec Benetton. Mark Webber, Red Bull Racing-Renault, a pris la pole position l’année dernière et terminé deuxième lors de la course.
Résultats des qualifications 2010