Appelons cette polémique la rançon du succès. En vitesse pure, Haas s’est imposée comme la quatrième force du plateau à Melbourne. L’écurie américaine, dans la conception de son châssis, s’est inspirée des concepts de la Ferrari de l’an dernier, à tel point que Fernando Alonso l’ait qualifié de « Ferrari blanche ».
La Scuderia est-elle pour Haas bien davantage qu’un partenaire technique privilégié ? Haas est-elle restée dans la légalité du règlement pour concevoir sa nouvelle voiture ? Tels sont les points d’interrogation qu’ont soulevé des responsables de McLaren, Force India ou Red Bull récemment.
Force India voulait une enquête de la FIA (voir notre article précédent), mais le directeur de course de la FIA, Charlie Whiting, a pourtant inspecté et validé le châssis Haas à Melbourne, la semaine dernière.
« Nous savons exactement ce qu’il se passe entre Haas et Ferrari et c’est complètement légal. L’an dernier une équipe avait exprimé des inquiétudes à ce sujet, mais rien ne nous préoccupe pour le moment » a confirmé le responsable de la FIA.
Günther Steiner, le directeur de l’écurie, a trouvé un soutien de poids pour désamorcer une contestation naissante.
« Ces critiques ne parlent pas avec intelligence et ne connaissent pas leur sujet » attaque le directeur de Haas. « Ils voient des fantômes. Ils ne comprennent pas le design d’une F1. Ils disent que notre voiture est très similaire à la Ferrari de l’an dernier. Mais aurions-nous dû copier leur voiture, qui date de l’an dernier, ou aurions-nous dû développer une voiture plutôt rapide ? »
« Nous avons le même empattement que Ferrari parce que nous partageons la même suspension – pourquoi aurions-nous dû en construire une de différente ? C’est logique. Notre voiture ne peut donc être la Ferrari de l’an dernier puisque la Ferrari de l’an dernier avait un empattement différent. »
« Si certains ont un problème sur ce point, je les invite à aller voir la FIA. Ils peuvent aller se plaindre auprès d’eux. »
Günther Steiner accuse ensuite très clairement ses homologues directeurs d’écurie, de jalouser les performances de Haas. Et les invite à balayer devant leur propre porte.
« Si vous devez vous justifier de votre incompétence, alors la meilleure défense, c’est l’attaque. Si une écurie a deux fois plus d’argent que nous, tout en étant derrière nous, le propriétaire de cette écurie devrait se demander ‘qu’est-ce que nous faisons en F1 ?’. C’est une compétition. Peut-être que l’an prochain nous serons derniers. Quand vous parlez, il vous faut un argument soutenable, et non pas seulement des hypothèses. »
Haas a seulement 220 employés au sein de sa structure, contre environ 400 chez Force India, 600 chez Williams ou 700 chez McLaren. L’écurie de Gene réussit à performer malgré sa petite taille en sous-traitant au maximum la conception de sa voiture, avec Dallara ou Ferrari.
Le dur message de Günther Steiner a été semble-t-il entendu pour Eric Boullier, le directeur de la compétition de McLaren… même si le Français demeure en partie circonspect.
« Il y a un règlement en place et nous devons faire confiance à la FIA si elle dit que tout le monde fait correctement son boulot. C’est vrai que Haas a fait des progrès significatifs en termes de performance. Il ne s’agit pas d’une grande écurie et ils sont très proches de Ferrari ; certaines pièces de leur voiture pourraient sembler très similaires à celles de la Ferrari, mais c’est peut-être juste une coïncidence. »