Après moult péripéties, la collaboration entre Ferrari et Kimi Räikkönen se poursuivra finalement une année de plus. Martin Whitmarsh, son ancien patron chez McLaren, revient sur les 5 saisons passées en compagnie de l’énigmatique Finlandais.
« Kimi ne me surprend pas, affirme-t-il. Peut-être a-t-il perdu de son extrême tranchant – il nous a gratifiés de moments qui tenaient du génie et d’autres qu’on a bien fait d’oublier – mais il peut toujours faire du sacré bon boulot et ne commet pas d’erreurs. »
« Je dois dire que c’est un personnage assez incompris. Il aime boire et faire la fête, mais il est en fait bien plus rigoureux qu’on ne l’imagine en ce qui concerne son entrainement. Il est également très intelligent, l’un des esprits les plus vifs parmi les pilotes. Mais comme il ne parle pas beaucoup et affiche une attitude désinvolte, les gens ne s’en rendent pas forcément compte. Et à mon avis, il est l’un des meilleurs quand il s’agit de comprendre la voiture et de remonter les informations. »
« Ce qui lui manque en revanche, c’est l’implication. Je me souviens qu’une année, nous étions à Montréal et allions directement attaquer Indianapolis la semaine suivante. Le dimanche soir, il voulait aller faire la fête à Las Vegas avec ses amis. Il faut se rappeler qu’à cette époque, partir en première ligne était très important car il n’y avait pas beaucoup de dépassements. Je me souviens donc lui avoir dit : ‘Kimi, au bout du compte tu es un grand garçon et tu fais ce que tu veux, mais je voudrais soulever une question : si, dans 6 jours, tu rates la pole position à Indianapolis pour 5 millièmes de seconde, ce qui pourrait arriver, et que tu as auparavant voyagé de Montréal à Las Vegas avec le décalage horaire, bu quelques verres et fait la fête puis pris l’avion pour Indianapolis, ne te mettrais-tu pas de grosses claques dans la gueule ?’. Il a alors souri et hoché la tête, ce qui semblait indiquer qu’il était d’accord même s’il ne l’a pas dit. Et une heure plus tard, il s’est envolé pour Las Vegas ! À l’époque, il luttait pour le titre ! »
Entre Whitmarsh et Räikkönen, l’alchimie a toujours semblé fonctionner, et l’ingénieur garde même une certaine tendresse envers le Finlandais.
« Je me suis toujours bien entendu avec Kimi, et même s’il déteste profondément Ron Dennis, j’envisageais de le réengager après son éviction de Ferrari en 2009. Nous étions en pleines négociations avec son management, mais ils étaient un peu… disons ambitieux, commercialement parlant. Mais Jenson Button s’est libéré à ce moment-là et ça n’a pas été plus loin avec Kimi. »
« C’est quelqu’un de très frustrant, car avec son intelligence et sa vitesse, c’est horripilant de le voir gâcher un potentiel qu’il n’a pas pleinement exploité. Mais ce n’est pas maintenant qu’il le fera et c’est vraiment très dommage. Un humour grinçant, une grande perspicacité… j’aime beaucoup ce mec… »