Le nouveau directeur technique de Williams, Mike Coughlan, est peut-être l’homme qui aura le plus de pression cet hiver en Formule 1. Responsable de la voiture 2012, la FW34, il a pour mission de ramener l’équipe de Sir Frank Williams au niveau attendu, le top 10. Avant de viser mieux d’ici 2 ou 3 ans.
Quel a été le gros problème de la FW33, celui qui ne doit pas se reproduire sur la FW34 ? "Je ne pense pas que c’était seulement l’aérodynamique audacieuse, il y a eu plusieurs paris ratés qui ont compromis la performance globale et la dynamique du châssis. Par des gains aéros, nous aurions pu compenser ces ratés mais cela n’a pas marché. L’équipe de développement a passé trop de temps à essayer de faire fonctionner le diffuseur soufflé et au final nous n’avons jamais maîtrisé ce domaine. Les efforts n’en valaient pas la peine," analyse Coughlan.
Quelle va être l’organisation mise en place par Coughlan suite au départ de Sam Michael ? "Jason Somerville a la responsabilité totale de l’aérodynamique et il doit s’en rapporter à moi. Mark Gillan a le même rôle mais du côté des opérations en piste. Je leur laisse la possibilité de manager leur département comme ils l’entendent. Je veux juste m’assurer qu’ils avancent tous dans la même direction, ce qui bénéfice à l’équipe du design."
Coughlan a mis en place des objectifs à respecter afin que la FW34 soit dans le coup dès son entrée en piste. Sans diffuseur soufflé, la FW34 devra être nettement plus rapide que la FW33. "Dans le cas de Jason, il a un objectif à respecter chaque semaine : il doit me montrer comment il a trouvé des appuis supplémentaires selon une grille de points. S’il manque l’objectif, je vois avec lui comment on peut se remettre sur le chemin fixé."
Cette méthode de fonctionnement n’est pas nouvelle en Formule 1 et permet de s’assurer de performances réelles lors de la mise en piste d’une nouvelle voiture grâce à des vagues d’optimisation. Elle laisse au contraire moins de place à l’innovation.
"Nous en sommes arrivés à cette méthode car nous voulons être dans le top 10 en 2012. Nous avons dû extrapoler la performance des autres équipes par rapport à la nôtre et déterminer à quel point la différence est du ressort de l’aéro, du moteur, et ainsi de suite. Nous avons donc posé quelques chiffres et défini ensuite des objectifs pour savoir ce que nous devons gagner et dans quel domaine," explique Coughlan.
Williams a un nouveau partenaire dont la réputation n’est plus à faire. "Nous avons aussi un nouveau motoriste avec Renault et nous sommes d’ailleurs de retour d’une semaine de test à Viry où notre nouvelle boîte de vitesses a été utilisée pour la première fois. En simulation, elle a bouclé l’équivalent de trois week-ends de Grands Prix sur le circuit de Spa. Les avantages du moteur Renault sont sa puissance, sa capacité à fonctionner avec de l’eau et de l’huile à très haute température et la faible dégradation de ses performances au cours de sa durée de vie."
Mike Coughlan et son équipe ont minutieusement étudié le règlement technique de l’année prochaine afin de s’assurer qu’il n’y a aucune faille dans laquelle la concurrence pourrait s’engouffrer au détriment de Williams.
"Le règlement ne changera pas vraiment l’année prochaine, mais nous devons modifier certaines choses du côté de la sortie des échappements et de la hauteur du nez de la voiture. Pour ce qui concerne les échappements, il n’y a aucune difficulté. Nous allons perdre une partie des appuis procurés par le fond plat et nous allons donc revenir à un système qui était très populaire il y a quelques années. Concernant le nez de la voiture, les gens doivent se préparer à voir des choses assez différentes. Il sera en effet intéressant de voir comment les différentes équipes vont traiter ce secteur."
"Ce qui changera, c’est l’interprétation que chacun fera de ces règles à leur lecture. Quelqu’un comme moi pourrait penser qu’il n’y a aucune faille, mais un autre grand directeur technique pourrait au contraire penser qu’il y a quelque chose à faire. On doit donc toujours se demander si nous ne passons pas à côté de quelque chose."
"Il est trop tôt pour dire quelle sera la grosse innovation de 2012 mais il y a toujours quelque chose à attendre. Le double diffuseur de 2009 était très limite et beaucoup d’équipes ont voulu le faire interdire à l’époque. Cela pourrait se reproduire, tout le monde cherche à exploiter les règlements à la limite. Il n’y a que quelques personnes à la FIA pour définir les règles mais des centaines de gens brillants en face pour trouver les failles."