Ces trois dernières années, le titre mondial s’est joué entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton. Alors que Mercedes aurait pu donner de claires consignes d’équipe pour systématiquement verrouiller les positions et assurer le coup, l’écurie allemande, au contraire, a laissé ses deux protégés se combattre sur la piste, au grand plaisir des téléspectateurs.
Toto Wolff, le directeur de l’écurie, pense que le paddock ne rend pas assez hommage à l’attitude adoptée par Mercedes, qui contraste avec celle que Ferrari par exemple employait du temps de la domination de Michael Schumacher…
« Nous les avons laissés courir depuis trois saisons sans interférer, et je pense que l’équipe a du mérite pour les avoir laissé courir et ne pas avoir décidé que nous avions un pilote numéro 1 et un pilote numéro 2, parce que c’est la solution la plus facile. Il était clair que nous n’interférerions que si notre objectif numéro un (gagner la course) était menacé. Vous pouvez faire de la philosophie, vous demander si votre pilote va gagner ou perdre dans telle ou telle situation au championnat du monde, vous devez oublier tous ces principes qui nous ont aidés ces quatre dernières années ».
Toto Wolff s’interroge tout de même sur les détails de cette philosophie adoptée par Mercedes. « Devrait-on l’appliquer pour la course décisive ? Ou dès le début de la saison ? Parce que Melbourne pourrait être la course décisive au début de la saison. Vous pourriez relâcher tout contrôle et les laisser attaquer plein gaz, être à l’origine d’un divertissement formidable et de gros titres fantastiques comme je pense en avoir eus, mais cela signifierait peut-être moins de victoires et peut-être moins de championnats. Je suis préparé pour en discuter. Parce que je n’en suis pas encore sûr… »
Un exemple parfait de ce dilemme s’est produit au dernier Grand Prix d’Abu Dhabi. Lewis Hamilton y avait volontairement ralenti ses poursuivants afin que Nico Rosberg puisse être éventuellement dépassé par les Ferrari et les Red Bull. Malgré les consignes données par Mercedes, l’Anglais n’a jamais voulu accélérer son rythme.
Toto Wolff reconnaît que cette attitude a failli menacer la 19e victoire de la saison de Mercedes. « Sebastian était avec des supertendres bien plus frais et à un moment donné, nos calculs ont montré qu’il gagnerait la course avec un peu d’avance. Je me rappelle que nous étions en 1’45’9 par tour, et il faisait 1’43’7. Donc nos gars, qui sont très intelligents, qui nous ont fait gagner tant de courses avec leur stratégie, ont dit que c’était une course que nous allions perdre parce que même si Lewis accélérait son rythme, les pneus de Sebastian étaient dans un bien meilleur état, et si vous commencez à vous appuyer sur votre instinct et non sur la science, alors vous êtes perdus de toute façon. »
Les calculs de Mercedes ont pourtant été contredits : l’écurie de Brackley a tout de même réussi à signer un doublé à Abu Dhabi, en dépit de l’attitude de Lewis Hamilton et des prévisions des ingénieurs.